29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

317<br />

traditionnelle se trouve réduite à sa pharmacopée, qui constitue la seule base sur laquelle<br />

elle est jugée.<br />

Médecine empirique qui ne donne pas toutes les garanties, la médecine<br />

traditionnelle est <strong>au</strong>ssi perçue comme une médecine particulière parce que liée à une<br />

culture particulière. Il f<strong>au</strong>t “y croire” pour qu'elle soit efficace. L'efficacité relative de la<br />

“médecine traditionnelle” est interprétée dans les cadres habituels et flous des médecins<br />

occident<strong>au</strong>x lorsqu'ils évoquent des pratiques médicales alternatives <strong>au</strong>x leurs. L'effet<br />

placebo et l'efficacité psychologique en sont les maîtres-mots, ainsi que l'exprime un<br />

gynécologue : “Nous, les scientifiques, on connaît le traitement d'une petite partie des<br />

maladies seulement mais pour be<strong>au</strong>coup de maladies, les placebo marchent. C'est la<br />

même chose pour les médecins traditionnels. Quand on croit be<strong>au</strong>coup à un traitement,<br />

ça marche. D'où la difficulté à supprimer les tabous alimentaires [respectés par les<br />

parturientes]. Quand on force les gens, ils tombent malades à c<strong>au</strong>se d'une grande peur”.<br />

Parmi les thérapeutes traditionnels considérés comme des spécialistes de<br />

“l'efficacité psychologique”, les bonzes sont néanmoins les mieux vus (voir la photo IV,<br />

page suivante) : “<strong>Les</strong> bonzes sont mieux tolérés que les kru mon akom [récitant des<br />

formules magiques] et que les kru en général parce que la prière bouddhique aide<br />

parfois les malades. <strong>Les</strong> malades se sentent mieux, parfois ils se réveillent et ils peuvent<br />

vivre ou survivre encore” (directeur d'un hôpital de Phnom Penh). <strong>Les</strong> thérapeutes qui<br />

s'appuient essentiellement sur la pharmacopée et les plantes médicinales, conformément<br />

<strong>au</strong>x directives officielles, sont également à peu près tolérés. A l'inverse, les médiums<br />

sont radicalement rejetés. Un médecin que j'interrogeais un jour à propos d'un <strong>au</strong>tel de<br />

neak ta (génie protecteur du terroir) dans l'enceinte de son hôpital a répondu en riant :<br />

“le neak ta, ici, c'est moi !”. Pourtant, dans les cas désespérés, les médecins acceptent<br />

les initiatives des familles des patients, quelles qu'elles soient, comme en témoigne<br />

l'extrait d'interview suivant.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!