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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Tous les programmes de prévention qui exigeaient des tournées en<br />

province sont bloqués à mesure que la vie se replie à Phnom Penh, refuge des trois<br />

quarts des médecins1. Le service hospitalier public est lui-même désorganisé par l'afflux<br />

massif des réfugiés et des blessés de guerre, <strong>au</strong> point que les patients s'entassent à<br />

plusieurs dans les lits ou doivent s'allonger sur des nattes dans les couloirs. Car, à côté<br />

des hôpit<strong>au</strong>x militaires, les centres civils sont également sollicités pour accueillir les<br />

quelque 600 000 blessés – du côté gouvernemental – que feront <strong>au</strong> total les combats2. Dans la capitale, deux hôpit<strong>au</strong>x publics sont provisoirement créés pour répondre <strong>au</strong>x<br />

besoins (celui de Russey Keo, banlieue de Phnom Penh et l'hôpital Sathearanak Rath)<br />

tandis que des lits sont ajoutés dans les services existants (ceux de l'hôpital Preah Ket<br />

Mealea et de l'Amitié Khméro-Soviétique). La capacité totale d'accueil est ainsi<br />

multipliée par deux (1 158 lits en 1970 contre 2 384 dans les années suivantes) 3. Cela<br />

est vrai des hôpit<strong>au</strong>x militaires également qui s'adjoignent deux centres ad hoc, ajoutant<br />

neuf cent quarante-deux lits <strong>au</strong>x cinq cent quarante préalablement disponibles4. Le gonflement considérable du service hospitalier s'accompagne de son<br />

effritement, à l'instar de l'ensemble des services publics. Cet effondrement est c<strong>au</strong>sé par<br />

le manque de moyens financiers ; la désaffection d'un personnel peu payé et préoccupé,<br />

comme tout un chacun, de sa survie quotidienne5 ; et, enfin, par la faible légitimité des<br />

représentants du pouvoir – qui ne “donnent pas le bon exemple” en matière de souci du<br />

bien public, dit un médecin interviewé – contribuant à paralyser l'application des<br />

décisions ministérielles. De plus, et c'est là un fait nouve<strong>au</strong>, l'image des fonctionnaires<br />

et, partant, celle des médecins, se ternit considérablement.<br />

Certes, dans les périodes antérieures, l'appartenance <strong>au</strong> service public<br />

cambodgien n'a jamais été synonyme d'identification <strong>au</strong> bien public puisque, dans le<br />

domaine de la santé comme dans tous les <strong>au</strong>tres, la figure charismatique du prince se<br />

1 D'après PEN Vano, op. cit., p. 28. Soit un médecin pour 17 000 habitants dans la capitale et une<br />

moyenne d'un médecin pour 71 000 habitants dans les provinces.<br />

2 Chiffres de Kadeva HAN, op. cit., p. 38.<br />

3 PEN Vano, op. cit. p. 24.<br />

4 Ibid. p. 24.<br />

5 Des fonctionnaires organisèrent, tout <strong>au</strong> long de l'année 1972, une série de grèves pour protester contre<br />

leur faible salaire. En 1973, les enseignants décidèrent de ne plus travailler que dix jours par mois tant<br />

que leurs revendications ne seraient pas entendues. D'après ROS Chantrabot, op. cit., p. 109-110.

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