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Les Médecins au Cambodge - Odris

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des services publics, dont le système de santé. L'entrée dans la seconde guerre<br />

d'Indochine s'accompagne d'une dépendance accrue vis-à-vis de l'aide américaine –<br />

essentiellement militaire puis économique et, pour une faible part, humanitaire.<br />

B - L'inconsistance de la République Khmère et la main-mise américaine<br />

L'annonce de la destitution du prince provoque immédiatement<br />

l'enthousiasme de tous les mécontents du Sangkum. Si sa politique extérieure a fait<br />

l'unanimité, les jeunes intellectuels espèrent la démocratisation intérieure et la fin d'une<br />

monarchie désuète. Ce vent de liberté est perceptible dans le milieu médical comme<br />

dans tous les <strong>au</strong>tres milieux citadins éduqués1. Pourtant, le programme politique de la<br />

nouvelle équipe <strong>au</strong> pouvoir s'avère rapidement peu consistant et déçoit tous ceux qui<br />

avaient espéré un changement. Pour l'essentiel en effet, hormis un hymne national et un<br />

drape<strong>au</strong> nouve<strong>au</strong>x, il s'inscrit dans la continuité du Sangkum. Au point que l'accord sur<br />

la forme du régime elle-même n'est pas réalisé avant octobre, date à laquelle la<br />

République Khmère est inst<strong>au</strong>rée, tandis qu'il f<strong>au</strong>t attendre mai 1972 pour voir<br />

promulguer une nouvelle Constitution. L'avènement de cette jeune république se résume<br />

donc surtout à l'“assassinat politique du père” 2 Sihanouk et ne tient pas ses promesses<br />

d'un nouve<strong>au</strong> mode de fonctionnement de la chose publique, où les jeunes intellectuels<br />

formés dans les universités cambodgiennes <strong>au</strong>raient trouvé un espace d'action.<br />

Très rapidement, il devient clair en effet que la liberté n'est pas <strong>au</strong><br />

rendez-vous. Un état-major spécial dispose de pouvoirs illimités3 puis, après 1973, un<br />

H<strong>au</strong>t Conseil Politique, sous l'égide de Lon Nol, se substitue <strong>au</strong> gouvernement. Des<br />

clans se font, se défont et s'affrontent à l'intérieur du gouvernement4, rendant l'instabilité<br />

1 Un médecin militaire français ayant quitté le <strong>Cambodge</strong> peu avant la chute du prince nous raconte que<br />

son épouse, revenue en visite dans le pays, a été frappée par le changement d'attitude des anciens<br />

collègues cambodgiens de son mari. Extrêmement réservés et peu diserts sous le Sangkum, ils étaient<br />

devenus plus expansifs, joyeux et communicatifs ensuite ; modification qu'il attribuait à la nouvelle<br />

liberté d'expression.<br />

2 Charles MEYER, op. cit., p. 352.<br />

3 ROS Chantrabot, La République Khmère, Paris : L'Harmattan, 1993, p. 36.<br />

4 <strong>Les</strong> personnages princip<strong>au</strong>x de la République Khmère sont le général Lon Nol, son frère cadet, le<br />

lieutenant de police Lon Non et le prince Sisowath Sirik Matak. Le premier, chef du dernier<br />

gouvernement Sihanouk, est décrit comme un personnage effacé, médiocre et à l'esprit confus. Son ami<br />

d'enfance, le prince Sisowath Sirik Matak est le cousin du prince Sihanouk. On lui attribue un désir de<br />

revanche sur son parent dans la mesure où il est issu de la branche cadette de la famille royale (les

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