29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

72<br />

Du point de vue des soignants cambodgiens, nous avons essayé, de la<br />

même façon, de gagner une place d'observateur neutre1 et de créer un rapport “d'intimité<br />

extérieure” 2, le moins identifiée possible à l'O.N.G. Nous avons, dans la mesure du<br />

possible, expliqué notre travail et discuté, avec ceux qui se montraient intéressés, des<br />

disciplines sociologiques et anthropologiques, presque inconnues <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>. Dans<br />

un cas, où un conflit larvé s'était installé entre le personnel cambodgien et le personnel<br />

humanitaire – dont nous avons d'ailleurs été informée par le premier – la méfiance n'a<br />

pas pu être totalement rompue ; le même silence gêné accueillant chacune de nos<br />

entrées dans les salles d'hôpital. Hormis quelques incidents de cet ordre dont la plupart<br />

<strong>au</strong>raient certainement été réglés avec le temps, notre intégration a été considérablement<br />

facilitée par la familiarisation à la vie quotidienne cambodgienne acquise dans les<br />

familles précédemment visitées et qui nous rendait, certainement, d'<strong>au</strong>tant plus proche<br />

que nous ne manifestions, à leur égard, <strong>au</strong>cune des attentes professionnelles qui créent<br />

les tensions quotidiennes entre étrangers et Cambodgiens.<br />

Outre les petits services personnels que nous étions susceptible de rendre<br />

– d'<strong>au</strong>tant plus volontiers que, recréant à l'hôpital un univers familial, le personnel<br />

cambodgien nous accueillait, comme tous les <strong>au</strong>tres étrangers, en invités – différentes<br />

fonctions nous ont été assignées ponctuellement ; intermédiaire pour exprimer un<br />

désaccord avec un membre de l'O.N.G., pour lequel les règles de la courtoisie<br />

cambodgienne ne permettent pas la communication en face-à-face ; interprète<br />

d'infirmiers (les médecins seuls connaissant en général le français) ; ou, parfois,<br />

informatrice, le personnel cambodgien, souvent intrigué par les raisons qui peuvent<br />

pousser un Occidental à venir travailler dans son hôpital, nous interrogeant sur les<br />

salaires et <strong>au</strong>tres éléments susceptibles de fournir une explication pl<strong>au</strong>sible. Dans tous<br />

les cas, nous nous sommes efforcée de répondre strictement <strong>au</strong>x demandes diverses.<br />

Quant <strong>au</strong>x patients, nombreux, il était difficile de ne pas passer, à leurs yeux, pour un<br />

médecin ou une infirmière. Nous nous sommes contentée de leur affirmer le contraire<br />

1 A la fin de l'enquête, nous avons restitué nos observations et nos analyses sous la forme de deux exposés<br />

<strong>au</strong>x O.N.G. <strong>au</strong>xquelles un représentant du Ministère de la Santé était convié.<br />

2 Michel NAEPELS, “Une étrange étrangeté. Remarques sur la situation ethnographique”, L'Homme,<br />

1998, 148, p. 197.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!