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Les Médecins au Cambodge - Odris

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C - Médecine de pénurie ou patrimoine national ? <strong>Les</strong> ambiguïtés des<br />

médecins vis-à-vis de la “médecine traditionnelle”<br />

Le premier souci des médecins est, en effet, de rappeler leur adhésion à la<br />

ligne du Parti et du ministère de la Santé bien qu'ils se livrent à cet exercice obligatoire<br />

de façon plus ou moins enthousiaste. “C'est un peu contradictoire mais, officiellement, il<br />

f<strong>au</strong>t associer la médecine traditionnelle avec la médecine moderne”, admet l'un d'entre<br />

eux. Au-delà des nécessaires protestations de fidélité à leur ministère de tutelle, certains<br />

donnent néanmoins l'impression de réellement adhérer à la ligne du Parti. <strong>Les</strong><br />

arguments avancés sont alors ceux, réalistes, de la pénurie : les remèdes traditionnels<br />

coûtent moins cher et peuvent, dans certains cas, constituer de bons substituts <strong>au</strong>x<br />

médicaments chimiques, pour les plus démunis. <strong>Les</strong> thérapeutes traditionnels sont <strong>au</strong>ssi,<br />

disent-ils, géographiquement plus accessibles <strong>au</strong>x Cambodgiens habitant les zones les<br />

plus mal desservies par le système de santé bio-médical. Enfin, ces thérapeutes sont<br />

culturellement et socialement plus proches des paysans et la compréhension réciproque<br />

s'en trouve meilleure. Médecine de p<strong>au</strong>vres, médecine de paysans, médecine de gens<br />

peu instruits qui n'ont pas accès à la médecine moderne, le système de santé “à deux<br />

vitesses” qu'évoquent – et acceptent – les médecins cambodgiens ne correspond guère à<br />

la vision vietnamienne, transposée dans la République Populaire du Kampuchea, qui<br />

consistait à inventer une médecine nationale.<br />

Certes, l'argument officiel selon lequel la “médecine traditionnelle” fait<br />

partie du patrimoine national apparaît également dans la bouche des médecins<br />

interviewés. Mais, dans ce cas, le terme désigne plus une botanique médicale qu'une<br />

médecine proprement dite, avec son système de représentation globale du corps et du<br />

monde. C'est, en effet, uniquement le potentiel pharmacologique de la médecine<br />

traditionnelle qui est considéré comme une richesse nationale ; les médecins<br />

traditionnels étant relégués, dans le meilleur des cas, <strong>au</strong> rôle de botanistes amateurs,<br />

aptes à fournir des indications utiles mais limitées. La richesse nationale dont il est<br />

question ici est prise dans son acception strictement économique : il s'agit de la<br />

production de remèdes destinée à la consommation intérieure ou à l'exportation vers les<br />

<strong>au</strong>tres pays asiatiques ; la Chine Populaire, le Viêt Nam, la Thaïlande ou Hong Kong<br />

s'étant montrés intéressés, précisent certains interlocuteurs.

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