29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

214<br />

considérablement1. L'aspect dérisoire de ce petit commerce contraste avec son<br />

importance vitale dans les conditions de vie extrême que connaissent la plupart des<br />

citadins et de nombreux paysans. Un ou deux comprimés d'antipaludique, d'antibiotique<br />

ou d'anti-diarrhéique sont parfois recherchés avec l'énergie du désespoir et parviennent à<br />

s<strong>au</strong>ver une vie en calmant un accès de fièvre ou en résorbant une plaie infectée2. Si la pénurie alimentaire est parfois orchestrée, comme le prouvent les<br />

témoignages décrivant la découverte de stocks de riz après la chute du régime khmer<br />

rouge, cela ne semble pas être le cas des médicaments chimiques. Leur manque doit être<br />

compensé par la production locale, selon le principe d'<strong>au</strong>to-suffisance locale ; les zones<br />

(phumpeak), les régions (dambon), les districts et même les coopératives devant<br />

disposer de leurs propres unités de production pharmaceutique. C'est en tout cas ce que<br />

l'on peut lire dans un bref chapitre consacré <strong>au</strong>x “domaines de l'action sociale, de la<br />

santé et de l'élévation des conditions de vie du peuple” du “Plan Quadriennal du Parti<br />

pour construire le socialisme dans tous les domaines, 1977-1980” 3 (voir annexe IV).<br />

Celui-ci distingue les “usines utilisant des méthodes populaires” des “usines<br />

pharmaceutiques modernes” (ces dernières localisées <strong>au</strong> Centre seul) mais précise que<br />

les premières, tout en faisant appel “<strong>au</strong> peuple” 4 et <strong>au</strong>x médecins traditionnels khmers,<br />

doivent perfectionner leurs méthodes de fabrication pour aboutir à une chaine de<br />

production de type industriel.<br />

Des unités de production sont effectivement entrées en activité, utilisant<br />

parfois les conseils de spécialistes formés à la Faculté de Pharmacie de Phnom Penh<br />

avant 1975. L'une d'entre eux, Mme Kho Vanny, ayant rejoint les maquis<br />

1 En Kompong Cham entre juin et août 1975, un comprimé de Nivaquine s'échange contre un kilo de riz<br />

et un flacon de streptomycine contre quinze kilos de la même denrée. D'après François PONCHAUD,<br />

<strong>Cambodge</strong>, année zéro, Paris : Julliard, 1977, p. 89. Lorsque les conditions de vie deviennent plus dures,<br />

après 1977, le cours des médicaments <strong>au</strong>gmente. Dans un village de la Région numéro 4, un cachet de<br />

Nivaquine v<strong>au</strong>t cent dollars ou s'échange contre un kilo de viande (d'après l'interview de Mme Leng<br />

Vuoch Eng).<br />

2 Voir par exemple le récit d'une sage-femme à ce sujet, in Ida SIMON-BAROUH, Le <strong>Cambodge</strong> des<br />

Khmers Rouges. Chronique de la vie quotidienne. Récit de Yi Tan Kim Pho, Paris : L'Harmattan, 1990,<br />

pp. 100 sq.<br />

3 Traduit en anglais et commenté in David P. CHANDLER, Ben KIERNAN and Chanthou BOUA, Pol<br />

Pot Plans the Future, op. cit., pp. 45-119. Je remercie Steven Heder de m'avoir indiqué cette source.<br />

4 La traduction anglaise du document original est “people”. Le terme khmer <strong>au</strong>rait été très utile pour<br />

savoir de quelle catégorie de “peuple” il s'agissait.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!