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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Au-delà des anecdotes cocasses qui n'ont pas manqué de circuler<br />

concernant l'inexpérience enthousiaste de quelques bons Samaritains (comme l'envoi<br />

d'épais caleçons de laine et de bouteilles de jus de banane dans un pays <strong>au</strong> climat<br />

tropical où les bananiers poussent en quelques semaines), l'une des caractéristiques<br />

de l'aide humanitaire devient alors la situation concurrentielle dans laquelle les<br />

organisations sont objectivement amenées à travailler et la difficulté de coordination<br />

des opérations qui s'ensuit. Selon un processus <strong>au</strong>jourd'hui connu – et reconnu par les<br />

plus lucides des O.N.G. – les associations humanitaires se trouvent confrontées à la<br />

nécessité de rendre des comptes à leurs donateurs privés qui se montrent plus<br />

sensibles à certaines catastrophes qu'à d'<strong>au</strong>tres et souhaitent y voir dépenser leurs<br />

dons. Or le <strong>Cambodge</strong> est présenté dans les médias comme le pays martyr par<br />

excellence où les organismes humanitaires se doivent d'intervenir coûte que coûte.<br />

Cet impératif se double de la nécessité de rendre l'action de terrain visible, ce qui<br />

conduit parfois à une certaine inefficacité. Ainsi, par exemple, la gestion d'un<br />

dispensaire est-il préféré à l'activité, importante mais moins valorisée, de “tri” des<br />

malades – selon le terme consacré – à leur arrivée <strong>au</strong> camp, dès lors laissé <strong>au</strong><br />

personnel le moins expérimenté et le moins formé1. Des critiques de ce type sont<br />

également formulées <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> même tout <strong>au</strong> long de notre enquête. Cette aide<br />

se poursuit jusqu'à la résolution (officielle tout <strong>au</strong> moins) du conflit cambodgien avec<br />

les élections de 1993, date à laquelle le H.C.R. organise le rapatriement des dizaines<br />

de milliers de réfugiés encore présents dans les camps ainsi que des enfants qui y<br />

sont nés et y ont grandi.<br />

<strong>Les</strong> O.N.G. qui s'étaient “spécialisées” dans le soutien <strong>au</strong>x réfugiés<br />

préparent, elles <strong>au</strong>ssi, leur “rapatriement” à l'intérieur du <strong>Cambodge</strong> où elles viennent<br />

grossir les rangs des rares élues qui avaient reçu l'<strong>au</strong>torisation d'y travailler dans les<br />

années 1980. A celles-ci s'étaient peu à peu jointes de nombreuses <strong>au</strong>tres<br />

organisations depuis l'ouverture progressive du pays à l'Ouest – favorisée par l'arrêt<br />

de l'aide socialiste et en particulier par l'abandon assez brutal de la coopération<br />

soviétique. En 1986, seules treize O.N.G. travaillaient à l'intérieur du pays, contre<br />

1 Esmeralda LUCIOLLI, “Khao I Dang : the early Days”, in Barry S. LEVY and Daniel C. SUSOTT<br />

(eds), op. cit., p. 70.

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