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Les Médecins au Cambodge - Odris

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époque de pénurie. Cette différenciation sociale accrue est durement ressentie et<br />

alimente la propagande khmère rouge dans les villages “libérés” et collectivisés.<br />

Le système de santé, à l'image de l'ensemble de la politique<br />

gouvernementale, n'est l'objet d'<strong>au</strong>cun remaniement en profondeur après l'avènement de<br />

la République Khmère. Le ministère de la Santé Publique, dont l'organigramme est<br />

modifié par décret du Chef de l'Etat en mars 1971, s'appuie sur les textes du Sangkum<br />

qui, eux-mêmes, se surajoutaient <strong>au</strong>x textes du Protectorat1, créant, selon les termes d'un<br />

responsable administratif, la “confusion” et “l'incertitude des interprétations” 2. On note<br />

cependant une tentative de décentralisation des instances de décision, grâce à la création<br />

de six Directions Régionales des Services de Santé, regroupant plusieurs Directions<br />

Provinciales. Cela est d'<strong>au</strong>tant plus nécessaire que la guerre paralyse les<br />

communications, donnant <strong>au</strong>x provinces une <strong>au</strong>tonomie forcée. On relève <strong>au</strong>ssi, dans<br />

les premiers temps, des vélléités de transformation de l'exercice médical par l'un des<br />

ministres de la Santé, lui-même agrégé de médecine3. Ces propositions sont<br />

intéressantes dans la mesure où elles sont typiques des processus de constitution des<br />

“professions” observées par les sociologues dans des contextes occident<strong>au</strong>x4 : fermeture<br />

de la profession par une sélection plus stricte des entrées (le ministre propose l'exclusion<br />

des étudiants échouant par deux fois <strong>au</strong>x examens) ; contrôle et “moralisation” du<br />

secteur sanitaire par l'élite médicale (responsabilités administratives confiées <strong>au</strong>x<br />

docteurs en médecine – et non plus <strong>au</strong>x officiers de santé5, surveillance plus stricte du<br />

dépôt pharmaceutique d'Etat afin de maîtriser les détournements, et, enfin – mesure plus<br />

originale mais qui provoque un tollé, inst<strong>au</strong>ration d'un impôt sur le revenu des médecins<br />

1 Le préambule du décret N° 121/71-CE du 1er mars 1970 réorganisant le ministère de la Santé Publique<br />

reflète le flou politique général. Il commence ainsi : “Vu la loi constitutionnelle [...] du 8 octobre 1970,<br />

proclamant la République Khmère et maintenant en application l'actuelle Constitution, s<strong>au</strong>f en ce qui<br />

concerne les dispositions contraires à 'l'esprit et <strong>au</strong> régime républicains'”, etc. Rappelons que la<br />

Constitution républicaine ne sera promulguée qu'en mai 1972.<br />

2 Kadeva HAN, Réflexions sur l'organisation actuelle du ministère de la Santé Publique <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>,<br />

Rennes, mémoire de l'Ecole Nationale de la Santé Publique, section médecins, 1974-1975.<br />

3 Information communiquée par une ancienne officier de santé.<br />

4 Voir Eliot FREIDSON, La profession médicale, Paris : Payot, 1984, 363p. [1ère éd. am. 1970] ou P<strong>au</strong>l<br />

STARR, The social Transformation of the American Medicine. The Rise of Sovereign Profession and the<br />

Making of a vast Industry, New York : Basic Books Inc Publish, 1982, 514 p.<br />

5 Cette division entre docteurs et officiers de santé n'apparaît pas dans les statistiques officielles et crée<br />

l'illusion d'un corps médical unifié.

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