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Les Médecins au Cambodge - Odris

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qu'ils avaient contribué à créer ; certaines des importations du <strong>Cambodge</strong> n'ayant été<br />

réalisées que parce qu'elles étaient financées par l'étranger.<br />

A l'observation des aides étrangères, on conçoit donc que c'est moins en<br />

termes uniquement économiques qu'il convient d'analyser les rapports, inst<strong>au</strong>rés à<br />

l'indépendance, entre étrangers et Cambodgiens, qu'en termes de définition d'un nouvel<br />

espace macrosocial de relations, sur le mode de la négociation. Du point de vue des<br />

donateurs, cet espace prend des formes assez nettement compétitives, chacun tentant<br />

d'évaluer l'impact stratégique des aides concurrentes sur les donataires, comme<br />

l'illustrent, parmi de nombreuses <strong>au</strong>tres, les remarques suivantes d'un attaché financier<br />

de l'Ambassade de France <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> en 19611. Décrivant l'aide des Etats-Unis, il rapporte en substance que son<br />

montant est supérieur à tous les <strong>au</strong>tres réunis. Elle s'exerce dans des domaines<br />

vastes et variés mais ne marque pas profondément le pays, dit-il, car les Khmers<br />

ont une estime modérée pour les Américains. “L'influence de l'aide des pays<br />

communistes est sensiblement différente. Bien que très largement inférieure à<br />

l'aide américaine, elle est plus profondément ressentie. Ses points d'application<br />

ont bien été choisis : construction d'un hôpital moderne, construction d'usines”.<br />

La contrepartie en est les exportations cambodgiennes à long terme, qui créent<br />

des liens commerci<strong>au</strong>x et économiques. Ces liens créent un “danger communiste”<br />

dont certains fonctionnaires cambodgiens sont conscients, conclut le compte<br />

rendu.<br />

Dans la presse du Sangkum et les interventions publiques du chef de<br />

l'Etat, le discours est celui de la dénégation de l'importance de l'aide étrangère2. La<br />

rupture avec les Etats-Unis, largement médiatisée, est l'occasion de rappeler les<br />

principes du neutralisme cambodgien et ce coup d'éclat, encouragé par tous les grands<br />

dirigeants “non-alignés” de l'époque, renforce l'image d'un pays, petit mais courageux,<br />

capable de dire “non” <strong>au</strong>x grands de ce monde. Dès lors, les thèmes d'un “<strong>Cambodge</strong><br />

s'aidant lui-même” ; d'un “<strong>Cambodge</strong> qui n'est pas à vendre” sont à l'honneur et toute<br />

allusion à l'apport étranger est mal venue. <strong>Les</strong> donateurs, relayés par leur presse<br />

1 M.A.E., op. cit.<br />

2 La part de l'aide étrangère dans le budget national tend effectivement à se réduire. Elle représente 26 %<br />

des recettes publiques en 1962 et 1963 mais seulement 17 % en 1964. D'après Rémy PRUD'HOMME, op.<br />

cit., p. 201.

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