29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

339<br />

populaire que le Protectorat s'est efforcé de réformer1 ; récitant les formules de<br />

protection, il contrevient <strong>au</strong>x directives socialistes et scientifiques qui privilégient la<br />

phytothérapie). Comme il n'intervient pas à grande échelle sur le marché du remède<br />

traditionnel puisqu'il ne commercialise pas ses plantes, il bénéficie de l'indifférence des<br />

pouvoirs municip<strong>au</strong>x. Il dispose, <strong>au</strong> contraire, d'une légitimité traditionnelle <strong>au</strong>près de<br />

ses patients (il se réfère <strong>au</strong> Mont Kulen, ne prend pas d'argent et conserve l'habitude du<br />

don rituel comme chez les kru villageois) et d'une légitimité religieuse (les références<br />

bouddhiques sont omniprésentes). Kru de la ville, M. Kong Kaev reste proche<br />

socialement du monde paysan. <strong>Les</strong> nécessités économiques, l'exemple des succès des<br />

kru “modernistes” le pousseront peut-être, lui ou ses successeurs, à se<br />

“professionnaliser” car les revenus tirés de son exercice constituent d'ores et déjà un<br />

apport financier qui pour être faible n'est cependant pas négligeable car les ressources<br />

familiales sont elles-mêmes très réduites.<br />

C'est, paradoxalement, déjà le cas d'un certain nombre de bonzes qui, tel<br />

le Vénérable Lam Hong, utilise le plus clair de son temps <strong>au</strong> soin de ses malades et à la<br />

réception de ses fidèles venus solliciter son aide.<br />

B - Le Vénérable Lam Hong, bonze guérisseur<br />

Ce moine originaire du Kampuchea Krom2 est âgé de quarante-cinq ans.<br />

Orphelin à dix ans, il est parti vivre à la pagode de son village, non loin de la frontière<br />

cambodgienne, sous la protection du chef des bonzes dont il était l'élève et le serviteur.<br />

Il n'a plus quitté les ordres depuis, ce qui fait dire à la “nonne” (yiey chi, yayCI) qui le<br />

1 Le bouddhisme du theravada actuel <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> est formé de deux sectes, appelées Mahanikay<br />

(numériquement la plus importante et la plus populaire) et Thommayut (fondée par le roi Mongkut du<br />

Siam en 1829 puis importée <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> et suivie par la cour royale khmère). La réforme du Mahanikay<br />

sous le Protectorat avait des objectifs nombreux et notamment politiques (il s'agissait de distendre les<br />

liens existant entre les clergés cambodgien et thaïlandais ; d'affaiblir le pouvoir des monastères rur<strong>au</strong>x qui<br />

possédaient des apanages ; de séculariser l'enseignement tout en se servant du rése<strong>au</strong> des pagodes). Sur le<br />

plan de la doctrine, il s'est agi de le “purifier” en rendant plus présents les textes canoniques (le<br />

Tripitaka). Or, l'un des livres du Tripitaka, le Vinaya (viney) établissant les règles de la vie monastique,<br />

interdit <strong>au</strong>x bonzes un certain nombre de pratiques habituelles chez les adeptes du Mahanikay sous sa<br />

forme populaire. C'est le cas notamment de l'art du combat. Le h<strong>au</strong>t lieu de l'enseignement du<br />

bouddhisme réformé fut, justement, l'Institut Bouddhique de Phnom Penh, fréquenté par M. Lay Nonn, le<br />

kru “moderniste” dont nous avons parlé. Voir François BIZOT, Le figuier à cinq branches. Recherche sur<br />

le bouddhisme khmer, Paris : EFEO, 1976, pp. 1-44.<br />

2 Partie du Sud Viêt Nam <strong>au</strong>trefois cambodgienne et peuplé d'une minorité khmère importante sur le plan<br />

numérique.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!