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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Outre le respect d'un service public gratuit – ou du moins accessible à<br />

tous – l'effort des organisations humanitaires que nous avons observées porte sur la<br />

présence effective <strong>au</strong> travail dans le but de maintenir un service médical continu. <strong>Les</strong><br />

réunions de service <strong>au</strong>xquelles participent les Cambodgiens et les Occident<strong>au</strong>x<br />

permettent <strong>au</strong>x seconds de tenter de pénétrer l'opacité de l'organisation et de corriger<br />

les plannings de travail, de façon à les rendre plus conformes à la réalité, même s'il<br />

f<strong>au</strong>t pour cela revoir à la baisse les temps de présence pour tenir compte de la<br />

recherche indispensable de revenus hors de l'hôpital. Ce travail permanent<br />

d'adéquation entre organisations officielle et officieuse est sans cesse à renouveler<br />

car il ne prend pas en compte cette donnée fondamentale qu'est l'interférence<br />

continuelle – et considérée comme tout à fait normale en milieu cambodgien – entre<br />

contraintes professionnelles et contraintes domestiques ou familiales, comme<br />

l'illustre la description de la réunion suivante entre gynécologues et sages-femmes :<br />

Christiane [sage-femme française] demande qui est d'accord pour<br />

aller travailler à Sleuk [une annexe du dispensaire] une fois par semaine.<br />

Personne ne répond. Elle demande à Thida [sage-femme cambodgienne] qui<br />

est d'accord. Elle demande également à Vodey [<strong>au</strong>tre sage-femme<br />

cambodgienne] car “on ne la voit qu'un jour par semaine à l'hôpital”, dit-elle.<br />

Vodey s'explique : “J'habite chez mon frère, je suis obligée d'aider <strong>au</strong> travail<br />

de la maison et à la garde des enfants”. La conversation s'éternise et Vodey<br />

finit par être désignée pour Sleuk (notes d'observation, dispensaire, juillet<br />

1992).<br />

Or, comme le montre également l'exemple précédent, le personnel<br />

cambodgien a des disponibilités différentes en fonction de son insertion locale et, de<br />

façon très marquée, de son statut matrimonial. En effet, alors que certains sont natifs<br />

de la région, voire de la petite agglomération (le “marché”, phsar) où est construit<br />

l'hôpital ou le dispensaire, d'<strong>au</strong>tres, parmi les plus jeunes, ont été nommés par le<br />

ministère et n'ont pas d'attaches locales. <strong>Les</strong> premiers disposent en général d'une<br />

clientèle privée importante et sont be<strong>au</strong>coup moins disponibles que les seconds pour<br />

le travail hospitalier tandis que ceux-ci, vivant à plein temps <strong>au</strong> sein de l'hôpital et ne<br />

le quittant que pour les congés, comptent plutôt sur les clients du service public pour<br />

compléter leurs revenus. On note d'<strong>au</strong>tre part qu'<strong>au</strong>x jeunes filles sont souvent<br />

confiées les tâches supplémentaires, comme dans l'observation ci-dessus, en raison<br />

de leur statut de cadette, et que le mariage leur confère <strong>au</strong> contraire une <strong>au</strong>torité

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