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Les Médecins au Cambodge - Odris

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(procheachun) ; et qui refuse de reconnaître que les “petits cade<strong>au</strong>x” <strong>au</strong>x<br />

fonctionnaires sont devenus la condition sine qua non du maintien d'un service d'Etat<br />

de moins en moins destiné à ce “peuple”, tant magnifié dans les discours<br />

accompagnant les nombreuses cérémonies officielles.<br />

On comprend dès lors pourquoi les médecins, dans la plupart des cas,<br />

ne sont pas, comme dans les pays occident<strong>au</strong>x, les médiateurs indispensables de la<br />

relation patients-médicaments. Dans la mesure où le monopole légal du service<br />

médical n'est pas imposé, pourquoi, en effet, payer chèrement un service d'expertise<br />

qui ne donne pas toute confiance quand les vendeurs de médicaments (souvent<br />

dépourvus de formation) peuvent délivrer ces biens précieux ? Pourquoi marcher des<br />

kilomètres jusqu'à l'hôpital, attendre plusieurs heures une consultation délivrée par<br />

un personnel peu disponible quand les infirmiers de commune offrent les mêmes<br />

garanties de compétence – en particulier dans la réalisation des injections, qui est le<br />

seul domaine d'expertise associé de façon inconditionnelle <strong>au</strong> corps médical – et bien<br />

d'<strong>au</strong>tres avantages encore (plus grande proximité socio-culturelle, rémunération plus<br />

modeste, déplacement <strong>au</strong> domicile si nécessaire) ?<br />

Au <strong>Cambodge</strong> donc, comme dans d'<strong>au</strong>tres sociétés du Sud, le patient<br />

est <strong>au</strong> cœur de ses démarches thérapeutiques et libre de choisir (dans la limite, bien<br />

entendu, des contraintes qui pèsent sur ce choix) son mode de traitement. Cette<br />

liberté a bien entendu un revers : l'abandon presque total dans lequel il est laissé par<br />

l'Etat. Pour des raisons diverses, tenant tant <strong>au</strong>x représentations diversifiées de la<br />

maladie et du corps, qu'à des raisons financières, matérielles ou sociales, les<br />

médecins se trouvent – peut-être temporairement – rejetés à la périphérie de ces<br />

démarches de soins, y compris lorsqu'il s'agit de soins biomédic<strong>au</strong>x pour lesquels ils<br />

n'ont pas le monopole, dans les représentations et les pratiques, de l'expertise. En ce<br />

sens, et contrairement <strong>au</strong>x systèmes de santé occident<strong>au</strong>x – les seuls à avoir jusqu'à<br />

présent nourri une réflexion sur la profession médicale1 – les patients sont détenteurs<br />

d'un pouvoir non négligeable dans la relation thérapeutique. Cette constatation<br />

générale et d'ordre macrosociologique, demande à être analysée en détail, cependant,<br />

1 Voir Eliot FREIDSON, La profession médicale, Paris : Payot, 1984 [1ère éd. am. 1970], 369 p.

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