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Les Médecins au Cambodge - Odris

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directement, soit, le plus souvent, à ses assistantes (son épouse ou sa belle-fille). Il s'agit<br />

clairement d'une rémunération de service car elle est fixée par le kru lui-même, payée en<br />

espèces et offerte sans <strong>au</strong>cune des techniques corporelles associées habituellement à<br />

l'offrande – comme on la verra pratiquée plus loin par les clients des kru “traditionnels”.<br />

Cette rémunération dépend de la maladie et du type de médicaments délivrés. Mais elle<br />

dépend <strong>au</strong>ssi de la richesse du patient, évaluée à son aspect extérieur. Elle varie entre<br />

mille et cinq mille riels1. M. Lay Nonn présente ainsi toutes les caractéristiques du kru moderniste<br />

“néo-traditionnel”. Sa formation comprend certes des éléments traditionnels (son père<br />

kru, ses nombreux <strong>au</strong>tres maîtres, la transmission à son fils) mais elle est renforcée<br />

d'une légitimité institutionnelle (l'Institut Bouddhique, le professorat à la Municipalité<br />

de Phnom Penh). Celle-ci marque également sa pratique thérapeutique (essentiellement<br />

botaniste, sans référent religieux ou ésotérique, il respecte les limites imposées par le<br />

ministère de la Santé). Cependant, il s'éloigne du monde des kru khmaer rur<strong>au</strong>x pour<br />

participer plutôt du monde sino-khmer, urbain et commerçant (il perçoit des honoraires<br />

et non des offrandes, commercialise ses plantes médicinales sous le contrôle du<br />

laboratoire du ministère de la Santé2). Parmi les kru modernistes qui répondent <strong>au</strong>x attentes de l'Etat, l'on trouve<br />

un <strong>au</strong>tre type de thérapeute, représenté par M. Chea Sophon, l'un des rares kru<br />

fonctionnaires que nous ayons pu trouver encore en activité.<br />

B - M. Chea Sophon, un kru fonctionnaire<br />

A quarante kilomètres environ de Phnom Penh, sur la route nationale n°1<br />

qui quitte Phnom Penh pour Ho Chi Minh-Ville, M. Chea Sophon dirige un dispensaire<br />

gouvernemental pour malades ment<strong>au</strong>x. Agé de cinquante-huit ans il est, lui <strong>au</strong>ssi, un<br />

kru que l'on pourrait qualifier de “moderniste” bien qu'il ne présente pas les mêmes<br />

caractéristiques que M. Lay Nonn. Il se distingue plus, en effet, par une accumulation<br />

1 Le dollar s'échange alors (1992) sur le marché parallèle <strong>au</strong>x alentours de 1000 riels. Le kilogramme de<br />

riz de bonne qualité v<strong>au</strong>t environ 250 riels.<br />

2 Ce contrôle est en réalité peu effectif car le ministère de la Santé n'a pas les moyens humains et<br />

matériels d'assurer les analyses.

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