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Les Médecins au Cambodge - Odris

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<strong>Les</strong> Cambodgiens les plus éloignés des services hospitaliers ne se<br />

rendent donc à l'hôpital que dans des cas très graves, voire extrêmes. Et les médecins<br />

se plaignent, ici comme dans d'<strong>au</strong>tres sociétés rencontrant des problèmes identiques1, de ne recevoir des patients qu'à l'article de la mort. D'<strong>au</strong>tant que la gravité d'une<br />

pathologie interdit souvent sa prise en charge <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du dispensaire et oblige les<br />

médecins à conseiller <strong>au</strong>x malades de se rendre, par leurs propres moyens, à l'hôpital<br />

provincial ou <strong>au</strong>x hôpit<strong>au</strong>x centr<strong>au</strong>x de Phnom Penh, encore plus éloignés, encore<br />

plus onéreux ⎯ et <strong>au</strong>tant dire inaccessibles à be<strong>au</strong>coup. Comme le suggère le<br />

Table<strong>au</strong> XV (page suivante) l'achat de comprimés <strong>au</strong> marché ou <strong>au</strong>près de vendeurs<br />

itinérants, le recours <strong>au</strong> médecin traditionnel ou encore à l'infirmier de la commune<br />

sont privilégiés en premier lieu parce qu'ils évitent un long déplacement.<br />

Pour les rur<strong>au</strong>x comme pour les citadins les moins aisés, les coûts<br />

constituent également un frein important à la fréquentation du service public<br />

hospitalier, qu'il s'agisse de consultation externe ou d'hospitalisation. Ce ne sont pas<br />

nécessairement les coûts directs, d'ailleurs, qui sont en c<strong>au</strong>se : les enquêtes déjà<br />

citées montrent <strong>au</strong> contraire que la consultation <strong>au</strong> dispensaire n'est pas le recours le<br />

plus onéreux (voir le Table<strong>au</strong> XVI, page suivante), surtout lorsqu'une ONG étrangère<br />

fournit une aide matérielle. Ce sont plutôt les dépenses annexes, représentées par le<br />

transport, la nourriture et les <strong>au</strong>tres frais occasionnés par le voyage et le séjour qui<br />

sont élevées. Mais ce qui arrête avant tout les plus p<strong>au</strong>vres, c'est l'impossibilité de<br />

prévoir le coût d'une telle démarche, surtout lorsqu'une hospitalisation est nécessaire.<br />

En ce cas, en effet, pour ceux qui n'ont ni relations ni parents parmi le personnel<br />

hospitalier qui puisse guider leur pas et leur servir d'intermédiaire <strong>au</strong>près des <strong>au</strong>tres<br />

soignants, il f<strong>au</strong>t se les concilier en multipliant les petits cade<strong>au</strong>x en argent.<br />

1 Isabelle GOBATTO fait le même constat <strong>au</strong> Burkina Faso. Mais, dans ce cas africain, les médecins,<br />

craignant d'être accusés d'incompétence, rejettent la f<strong>au</strong>te de l'échec thérapeutique sur les guérisseurs<br />

traditionnels consultés avant eux. Voir Anthropologie de la profession médicale dans un pays en<br />

développement. Le cas du Burkina Faso, Thèse pour le Doctorat d'anthropologie sociale et de<br />

sociologie comparée, Paris V, 1996, p. 199 sq.

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