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Les Médecins au Cambodge - Odris

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ministérielle plus grande encore qu'elle ne l'avait été sous l'“ancien régime” – comme<br />

l'on prend l'habitude d'appeler le Sangkum. Chacun de ces clans dispose de “sa”<br />

jeunesse – manifestant sur demande et contribuant <strong>au</strong> renversement des riv<strong>au</strong>x – ainsi<br />

que de “ses” commerçants et de “ses” hommes d'affaires, bénéficiant de portefeuilles<br />

ministériels juteux et du produit de trafics divers, dont l'aide militaire américaine fournit<br />

l'essentiel (licences d'importation, ventes d'armes à l'ennemi, trafics de soldes des<br />

hommes de troupes).<br />

Le <strong>Cambodge</strong> perdant de facto son indépendance <strong>au</strong> profit d'une<br />

puissance jouissant du monopole de la présence, de l'influence et de l'aide étrangères, de<br />

nouve<strong>au</strong>x rapports se mettent en place, que l'on peut, à nouve<strong>au</strong>, analyser comme un<br />

type de négociation spécifique. En échange de la main-mise sur le <strong>Cambodge</strong> et de la<br />

participation de ce dernier à la guerre du Viêt Nam, les Etats-Unis se trouvent en effet<br />

soumis à une surenchère de demande d'aide. Ils distribuent celle-ci massivement, en se<br />

montrant peu regardants sur la tenue des comptes de dépense, alimentant la spirale des<br />

détournements de plus en plus importants et de moins en moins discrets.<br />

Le gouvernement cambodgien, sentant menacée une identité nationale<br />

qui ne peut plus s'appuyer sur le symbole royal, favorise, par le moyen de la<br />

propagande, le dispositif traditionnel de la méfiance, vite transformée en haine, à l'égard<br />

du voisin vietnamien, c<strong>au</strong>se de tous les m<strong>au</strong>x. <strong>Les</strong> soldats gouvernement<strong>au</strong>x se livreront<br />

ainsi, dans les premiers mois du nouve<strong>au</strong> régime, à des massacres de migrants<br />

vietnamiens civils installés <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>. Par ailleurs, sous la houlette de Lon Nol, se<br />

développent des trav<strong>au</strong>x sur la “civilisation khmère-môn” 1 et la “race khmère-môn”,<br />

dans une quête éperdue et peu crédible de la pureté des origines. On raconte ainsi que la<br />

Sisowath), frustrée du pouvoir par le Protectorat français qui lui préféra les Norodom. Le prince Sirik<br />

Matak s'oppose à l'avènement d'un régime républicain, souhaitant peut-être secrètement monter sur le<br />

trône. Enfin, Lon Non poursuit ses propres ambitions après être resté dans le sillage de son frère aîné. Il<br />

se heurte en particulier à Sirik Matak et s'allie à d'anciens“Khmers Libres”(Khmer Serey), groupe de<br />

guérilla nationaliste anti-communiste puis anti-monarchiste soutenu par les Américains et dirigé par Son<br />

Ngoc Thanh. Ce dernier sera un temps Premier Ministre sous la République Khmère.<br />

1 La langue khmère est classée dans la famille linguistique “môn-khmère”, du nom de ses deux langues<br />

les plus importantes. L'expression “khmère-môn” entend signifier la prédominance du premier élément<br />

sur le second. Sur le néo-khmérisme mis à l'honneur par Lon Nol, lequel entend également lancer une<br />

“guerre de religion” – étrangère à l'histoire cambodgienne – voir Marie Alexandrine MARTIN, Le mal<br />

cambodgien. Histoire d'une société traditionnelle face à ses leaders politiques, 1946-1987, Paris :<br />

Hachette, 1989, pp. 132-133.

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