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Les Médecins au Cambodge - Odris

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de séparer sa léproserie privée de l'établissement officiel – installé à deux pas et<br />

be<strong>au</strong>coup plus prospère dorénavant (quatorze malades contre quatre-vingts 1).<br />

A la même époque, dans les années 1920-1930, des médecins coloni<strong>au</strong>x<br />

expérimentent, dans leurs dispensaires, l'écorce d'un <strong>au</strong>tre arbre très répandu <strong>au</strong><br />

<strong>Cambodge</strong>, le margosier (daeum sdao, Azadiracta Indica Jussieu). Utilisé par les kru<br />

contre les fièvres et préparé sous forme de poudre, d'infusion ou de décoction selon<br />

leurs indications, il figure comme succédané du quinquina dans la pharmacopée<br />

coloniale2. Ainsi s'amorce, dans le système de santé colonial, une coexistence<br />

inégale qui assigne <strong>au</strong> médecin traditionnel un modèle et des objectifs proches de ceux<br />

des médecins coloni<strong>au</strong>x. Ceux-ci le placent en situation d'évaluation – les thérapeutes<br />

traditionnels sont des quasi médecins dont il f<strong>au</strong>t encore extraire le savoir positif des<br />

“croyances” et des pratiques non médicales – et lui offrent une place congrue et<br />

désavantageuse dans l'appareil sanitaire. De fait, les deux mondes s'ignorent et s'évitent<br />

dans la grande majorité des cas, reproduisant, dans le domaine médical, le mode de<br />

relations existant entre indigènes et colons dans le cadre colonial général.<br />

Après l'indépendance, l'étanchéité sociale prédomine dans la mesure où<br />

le Sangkum du prince Sihanouk conçoit, dans le domaine médical, la modernité<br />

cambodgienne comme résolument appuyée sur un système hospitalier3 qui n'atteint<br />

guère les gens de la rizière. L'idée d'utiliser les connaissances des kru et le savoir<br />

botanique populaire réapparaît bien sous le régime khmer rouge, comme on l'a vu, mais<br />

avec pour optique un syncrétisme <strong>au</strong> contenu flou où, de toute façon, prime la pureté<br />

idéologique des praticiens, quels qu'ils soient. Certains des thèmes khmers rouges sont<br />

repris sous la République Populaire qui lui succède.<br />

1 GAIDE et BODET, op. cit., p. 26.<br />

2 Dr TIROUVANZIAM, “Le sd<strong>au</strong>, succédané du quinquina”, Bull. de la Sté Médico-Chirurg. de<br />

l'Indochine, Avril 1927, V, 4, pp. 184-185 ; “'Azadiratcha indica'”, Ibid., pp. 186-188 ; Dr L. A.<br />

BORDES, Le paludisme en Indochine, Exposition coloniale Internationale, Paris 1931, Hanoi :<br />

Imprimerie d'Extrême-Orient, 1931, 35 p.<br />

3 CHAN Ok, Contribution à l'étude de la thérapeutique traditionnelle <strong>au</strong> pays khmer, Thèse pour le<br />

Doctorat en médecine (diplome d'université), Paris, 1955, 91 p.

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