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Les Médecins au Cambodge - Odris

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CHAPITRE III<br />

LES USAGES SOCIAUX DE LA PLURALITE THERAPEUTIQUE. LES<br />

PATIENTS ENTRE PRAGMATISME ET MEFIANCE<br />

Be<strong>au</strong>coup d'études portant sur les recours thérapeutiques en situation<br />

de pluralité médicale – situations que l'on trouve <strong>au</strong>jourd'hui à peu près partout dans<br />

le monde – convergent sur un point <strong>au</strong> moins. <strong>Les</strong> raisons qui poussent les patients et<br />

leur entourage à choisir tel ou tel mode de soins répondent à des logiques multiples et<br />

pas seulement d'ordre symbolique. Il est illusoire, sans forcer la réalité, de prétendre<br />

tracer des itinéraires thérapeutiques que l'on déduirait, simplement et de façon<br />

univoque, d'un système symbolique censé organiser entièrement les représentations<br />

“traditionnelles” de la maladie, dans un contexte socio-culturel donné. Bien que ce<br />

type d'orientation anthropologique existe ⎯ y compris <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> ⎯ les<br />

recherches sur les pratiques thérapeutiques dans les situations de pluralité médicale<br />

sont généralement parcourues de réflexions et de doutes, relatifs tant à la cohérence<br />

émique1 de tels systèmes de représentations2, qu'<strong>au</strong>x relations que peuvent entretenir<br />

discours, représentations et pratiques3 concernant la maladie. Nous avons partagé ces<br />

doutes et ces réflexions lors de nos propres enquêtes.<br />

<strong>Les</strong> recherches sur les recours thérapeutiques en situation d'offres<br />

médicales multiples ont ainsi contribué à faire émerger une nouvelle vision<br />

1 On distingue, dans le domaine des ethnosciences, les systèmes et savoirs “émiques” (indigènes) des<br />

connaissances de type “étique”, produites par les ethnologues eux-mêmes sur ces savoirs.<br />

2 Précurseur de ce genre d'étude, Arthur KLEINMAN (Patients and Healers in the Context of Culture,<br />

Berkeley : Univ. of Calif. Press, 1980, p. 71 sq) prévenait qu'il fallait attribuer à ses explanatory<br />

models plus d'organisation et de spécificité qu'ils n'en avaient en réalité. Récemment, dans une<br />

réflexion issue d'une recherche en Afrique, Jean-Pierre OLIVIER de SARDAN préfère parler de<br />

“modules” de représentations de maladies plutôt que de “systèmes”. Voir Yannick JAFFRE et Jean-<br />

Pierre OLIVIER de SARDAN (dir.), La construction sociale des maladies. <strong>Les</strong> entités nosologiques<br />

populaires en Afrique de l'Ouest, Paris : PUF, 1999, p. 16 sq.<br />

3 Voir par exemple Nicole SINDZINGRE, “La nécessité du sens : l'explication de l'infortune chez les<br />

Senufo”, in Marc AUGE et Cl<strong>au</strong>dine HERZLICH (éds.), Le sens du mal. Anthropologie, histoire,<br />

sociologie de la maladie, Paris/Montreux : Éd. Archives contemporaines, 1984, pp. 93-122. Pour une<br />

réflexion sur les divergences entre les discours énoncés dans l'abstrait par les enquêtés à la demande<br />

des anthropologues et les relations d'épisodes concrets de maladie, voir Didier FASSIN, Pouvoir et<br />

maladie en Afrique, Paris : PUF, 1992, p. 117.

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