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Les Médecins au Cambodge - Odris

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360<br />

proposés. Cette tendance s'observe surtout en ville et en particulier à Phnom Penh1 où la<br />

pluralité des recours thérapeutiques est la plus riche et la plus ouverte – intégrant même<br />

sans difficulté, de façon marginale mais néanmois significative, des membres de sectes<br />

étrangères qui font les promesses les plus démesurées ; ou encore des activités <strong>au</strong>trefois<br />

réservées à la seule sphère familiale, comme le grattage à la pièce ou le massage. A côté<br />

des thérapeutes qui, tels les kru, les bonzes ou les médiums, font partie de l'univers<br />

traditionnel ou religieux ancien, une nouvelle catégorie de praticiens émerge, ceux que<br />

nous avons appelé les kru “modernistes” et “néo-traditionnels”, dont l'essor a été<br />

involontairement favorisé par la politique gouvernementale et les modifications qu'elle a<br />

induites dans le marché thérapeutique cambodgien.<br />

Dans cette offre thérapeutique foisonnante, multiforme et créative, quelle<br />

est, alors, la place des médecins ? Comment s'y intègrent-ils ? On observe, tout d'abord,<br />

que les praticiens que nous venons de décrire appartiennent à des univers soci<strong>au</strong>x<br />

différents et recrutent leur clientèle, majoritairement, dans ces univers (voir le<br />

table<strong>au</strong> XIII, page 362) : les médecins et les kru “modernistes” appartiennent <strong>au</strong>x<br />

catégories sociales des fonctionnaires et des commerçants ; les kru “néo-traditionnels”<br />

font le lien entre les petits fonctionnaires et le monde paysan tandis que kru<br />

“traditionnels” et médiums relèvent du monde paysan fraîchement transplanté en milieu<br />

urbain. <strong>Les</strong> bonzes, quant à eux, transcendent ces catégories sociales qui structurent la<br />

société cambodgienne mais y prennent place individuellement en fonction du rése<strong>au</strong><br />

d'influence qu'ils ont su créer <strong>au</strong>tour de leur activité. Malgré leurs appartenances<br />

sociales différentes, tous ces thérapeutes partagent cependant, de proche en proche, des<br />

univers symboliques et des systèmes de représentations communs. Seuls les<br />

biomédecins cultivent à l'égard des <strong>au</strong>tres thérapeutes une indifférence distante qui fait<br />

de la “médecine traditionnelle”, dans le meilleur des cas, une médecine de pénurie<br />

reléguée <strong>au</strong> passé ou <strong>au</strong>x lointaines provinces rurales non encore dotées d'un système<br />

médical d'Etat – ce qu'elle n'est manifestement pas.<br />

1 Il a souvent été dit que “Phnom Penh n'était pas le <strong>Cambodge</strong>” parce que cette ville constituait un îlot<br />

peuplé en forte proportion d'étrangers (colons français, Chinois, Vietnamiens, Malais) dans un pays très<br />

rural et surtout peuplé de Khmers. Nous pensons que cette opinion, certainement valable jusqu'<strong>au</strong>x années<br />

1970, doit être revue. Le <strong>Cambodge</strong> s'urbanise, les groupements d'habitat changent de configuration pour<br />

s'aligner le long des routes. La radio et la télévision sont présentes partout. L'exode rural définitif est<br />

be<strong>au</strong>coup plus fréquent qu'<strong>au</strong>trefois. <strong>Les</strong> déplacements provisoires – notamment des hommes à la<br />

recherche d'un emploi – se multiplient. <strong>Les</strong> Cambodgiens d'Outre-Mer et leurs enfants commencent à<br />

retourner visiter leur pays d'origine (ou celui de leurs parents) et leur famille et, parfois, s'y installent.

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