29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

371<br />

service médical <strong>au</strong>x coopératives agricoles, réparties sur le territoire national et<br />

employant la presque totalité de la population. Le gouvernement a fait appel à des<br />

infirmiers, des sages-femmes ou des médecins volontaires qui, après la “Libération”<br />

sont souvent restés vivre dans les districts où ils avaient été déportés. Mais <strong>au</strong> fur et à<br />

mesure de son évolution, le système de santé s'est modelé sur la hiérarchie<br />

administrative1 et s'est concentré dans les villes : de fait, be<strong>au</strong>coup d'infirmeries de<br />

communes et certains dispensaires de districts, constituant les services médic<strong>au</strong>x les<br />

plus périphériques, ont péréclité <strong>au</strong> début des années 1990, tandis que Phnom Penh<br />

se voyait de jour en jour mieux pourvue d'hôpit<strong>au</strong>x centr<strong>au</strong>x spécialisés.<br />

L'affaiblissement du service public a été accentué, d'<strong>au</strong>tre part, par la<br />

désaffection des médecins eux-mêmes et leur départ pour Phnom Penh ou, <strong>au</strong> moins,<br />

vers les chefs-lieux de province – à tel point que la surpopulation médicale a<br />

commencé à s'y faire sentir dès la fin des années 1980. Dans la mesure où ils<br />

percevaient un salaire trop faible pour leur travail à l'hôpital, les médecins ont en<br />

effet dû se tourner vers une clientèle privée qui, dans les villages ou les communes,<br />

n'était ni assez nombreuse ni assez fortunée pour assurer leur subsistance. La<br />

circonscription administrative en-deça de laquelle un médecin ne songe pas à<br />

s'installer, d'après nos entretiens, est donc le chef-lieu de district, petite ville-marché<br />

qui, par la présence de ses fonctionnaires et de ses commerçants – les seuls, alors, à<br />

participer pleinement à une économie monétaire – permet <strong>au</strong>x médecins les moins<br />

ambitieux professionnellement de vivre. A la campagne, c'est donc <strong>au</strong> dispensaire<br />

que l'on peut espérer, dans le meilleur des cas, trouver un médecin.<br />

Au contraire, les infirmiers sont restés sur place après la déliquescence<br />

de leur infirmerie, quand ils avaient des attaches dans la société locale. A l'instar des<br />

kru et des instituteurs, leur statut social, plus proche de celui de la paysannerie, leur<br />

permettait de maintenir une activité agricole tout en poursuivant des consultations<br />

mi-publiques, mi-privées, en fonction de la situation de leur commune2 – chose<br />

1 Rappelons que les subdivisions administratives cambodgiennes comprennent le village, la commune,<br />

le district et la province.<br />

2 Dans une infirmerie que nous avons observée, par exemple, une ONG japonaise appelée “24 hour<br />

television” organisait une fois par semaine une consultation faite par un médecin assistant venu<br />

spécialement du district. Ce jour-là, l'infirmier de commune, que rien ne distinguait d'un paysan du<br />

village, ouvrait le local et aidait le médecin. <strong>Les</strong> <strong>au</strong>tres jours de la semaine, il pratiquait en privé à la<br />

demande.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!