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Les Médecins au Cambodge - Odris

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incompréhensions surviennent <strong>au</strong> cours de la réunion. Par exemple, à un<br />

moment, M. Sarin souhaite souligner l'ambiguïté des propos de Nancy : il ne<br />

sait pas si elle parle de frais à la charge de l'hôpital ou de ceux que l'O.N.G.<br />

accepte de supporter. Mais l'interprète traduit sa question par : 'qui est en<br />

position de décision, concernant les frais, l'hôpital ou l'O.N.G. ?' Nancy<br />

répond avec un air d'évidence : 'l'hôpital, bien sûr', ajoutant à la confusion<br />

d'une réunion déjà riche en tensions. (notes d'observation, hôpital provincial,<br />

juillet 1994)<br />

Le personnel cambodgien interviewé met souvent en c<strong>au</strong>se ses<br />

difficultés de compréhension pour expliquer les erreurs qu'il peut commettre dans la<br />

réalisation de telle ou telle tâche. Mais ces hiatus sont parfois consciemment mis en<br />

œuvre pour contourner une situation de contrôle.<br />

Daniel [médecin] et Phan Sotha [médecin, docteur] reçoivent un<br />

jeune malade de vingt à vingt-cinq ans atteint, selon toute vraisemblance,<br />

d'une M.S.T. Le jeune homme est très gêné car les deux <strong>au</strong>xiliaires féminines<br />

de soins sont hilares. Après l'<strong>au</strong>scultation, les deux médecins conseillent <strong>au</strong><br />

patient d'aller faire un test sérologique à Phnom Penh. A la fin de la<br />

consultation, Daniel dit en français à Phan Sotha : 'Dites-lui de mettre un<br />

condom la prochaine fois'. Mais Phan Sotha préfère traduire : 'Allez à Phnom<br />

Penh faire un test'. Daniel a compris et insiste : 'Mais non ! Traduisez-lui !'<br />

Phan Sotha s'exécute. Le jeune malade ne connaît pas les 'condom' et il f<strong>au</strong>t se<br />

lancer dans une explication laborieuse qui relance les rires moqueurs des deux<br />

femmes 1. (notes de terrain, dispensaire, mai 1992)<br />

<strong>Les</strong> uns et les <strong>au</strong>tres regrettent d'avoir des contacts réduits avec leurs<br />

collègues et de perdre, emportés par les activités et les soucis professionnels<br />

quotidiens, l'occasion de développer des relations amicales plus proches, comme le<br />

résume cette médecin terminant sa mission dans le camp de réfugiés de Site II :<br />

“Cela fait dix-huit mois que je suis là et j'ai l'impression d'être arrivée il y a six mois<br />

tant c'est la routine. Il y a les gardes le week-end, il ne reste que la soirée et quelques<br />

dimanches. On se repose. On reste à la maison entre expatriés. Je n'ai pas vraiment<br />

eu de contact avec les Khmers. Il y a le boulot et puis on quitte l'hôpital à quatre ou<br />

1 <strong>Les</strong> préservatifs, avant l'épidémie du SIDA, ne sont guère utilisés <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> et les M.S.T. sont<br />

traitées discrètement <strong>au</strong>près de soignants masculins. Un pavillon réservé <strong>au</strong>x bonzes, dans un hôpital<br />

de Phnom Penh, attirait ainsi régulièrement des laïcs souffrant de telles affections car les règles<br />

monastiques n'<strong>au</strong>torisent pas le contact physique avec une femme, fut-elle infirmière.

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