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Les Médecins au Cambodge - Odris

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préservation de son intégrité dans une société perçue comme dangereuse, sa be<strong>au</strong>té,<br />

la diététique qu'il convient de lui appliquer, son déplacement dans l'espace et les<br />

diverses techniques du corps, mais <strong>au</strong>ssi sa disparition terrestre, etc. ⎯ repose sur un<br />

ensemble riche et foisonnant de représentations <strong>au</strong>x origines diverses, liées à<br />

l'histoire du <strong>Cambodge</strong> et <strong>au</strong>x influences culturelles qui l'ont traversée.<br />

<strong>Les</strong> représentations de la maladie, plus particulièrement, sont basées<br />

sur des conceptions où l'on peut reconnaître diverses empreintes : celle, “<strong>au</strong>tochtone”<br />

et antérieure <strong>au</strong>x contacts avec les brahmanes et les marchands indiens1, d'un<br />

ensemble de cultes et de rites relatifs à divers entités spirituelles – cultes similaires<br />

(mais non identiques) à ceux d'<strong>au</strong>tres pays d'Asie du Sud-Est (esprits vit<strong>au</strong>x<br />

personnels praling, <strong>au</strong> nombre de dix-neuf chez les Khmers, dont la perte affaiblit<br />

l'individu et peut entraîner sa mort ; “mère originelle” qui, cherchant à reprendre<br />

l'enfant né dans une existence antérieure, est responsable de certaines maladies<br />

infantiles ; esprits et entités surnaturelles diverses pouvant avoir une influence sur<br />

l'état de santé) ; la marque, d'<strong>au</strong>tre part, d'une influence culturelle venue d'Inde sous<br />

la forme du brahmanisme2, du bouddhisme (la notion de karma est essentielle) ou de<br />

la médecine ayurvédique (les profanes, de même que les thérapeutes, considèrent le<br />

ralentissement ou le blocage des flux corporels comme des c<strong>au</strong>ses fréquentes de<br />

maladie) ; l'empreinte, enfin, de la conception microbienne des maladies et de<br />

l'hygiène, venue de France à l'époque du Protectorat (mé rok, emeraK, l'“initiateur de<br />

maladie”, désigne de façon très habituelle les microbes). D'<strong>au</strong>tres influences, moins<br />

évidentes et moins étudiées, se sont par ailleurs certainement manifestées. Nous<br />

pensons en particulier à celle de la Chine, exercée à diverses époques. Enfin, il<br />

conviendrait de s'interroger sur l'impact de la guerre puis du régime khmer rouge sur<br />

la transmission des conceptions du corps et des savoirs médic<strong>au</strong>x populaires<br />

“profanes”.<br />

1 Ces contacts, rappelons-le, prennent de l'ampleur dans les premiers siècles de l'ère chrétienne.<br />

2 Par exemple, les convulsions des enfants portent le nom de skan, qui vient de Skanda, divinité<br />

brahmanique secondaire saisissant les enfants. Voir ANG Choulean, “Apports indiens à la médecine<br />

traditionnelle khmère”, Journal of the European Ayurvedic Society, Reinbeck (Allemagne), 1992, 2 :<br />

101-114.

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