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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Khieu Thirith – épouse de Ieng Sary, belle-sœur de Pol Pot et proche du<br />

petit noy<strong>au</strong> dirigeant – contrôle officieusement, dès le début, le ministère de la santé1. Elle en définit donc les options majeures qui sont d'ordre stratégique et non médical<br />

tandis que les thérapeutes quels qu'ils soient sont exclus des postes politiques de h<strong>au</strong>t<br />

nive<strong>au</strong>. Le ministre de la Santé publique, le Dr Thiounn Thioeun ne semble donc<br />

disposer que d'un rôle technique. Issu d'une famille de la h<strong>au</strong>te bourgeoisie de Phnom<br />

Penh, il est, comme ses trois <strong>au</strong>tres frères, tôt engagé dans le mouvement communiste<br />

cambodgien ; lequel se sert de la renommée et de la prestance de ces membres de choix<br />

dans ses relations publiques. Thiounn Thioeun est un médecin formé à l'Université de<br />

Hanoi en 1942-1945, puis à Paris. Sous le Sangkum, il exerce la chirurgie à l'Hôpital de<br />

l'Amitié Khméro-Soviétique, ainsi que des fonctions d'enseignement à la Faculté de<br />

Médecine, dont il est doyen, <strong>au</strong> moment où la politique d'ouverture de Sihanouk – et<br />

peut-être la réputation de la famille Thiounn – permet à un homme de g<strong>au</strong>che d'occuper<br />

ce poste. Sous la République Khmère, il prend le maquis dans la région de Phnom Penh<br />

où il entame une intense activité de médecine de terrain (formation sur le tas de<br />

médecins révolutionnaires, organisation d'hôpit<strong>au</strong>x de campagne) 2.<br />

Outre Thiounn Thioeun, dont la position est, on le voit, assez particulière<br />

dans la hiérarchie du Kampuchea Démocratique, il existe d'<strong>au</strong>tres biomédecins entrés<br />

dans la révolution avant 1975. Une source fait état de vingt-cinq d'entre eux, actifs dans<br />

les maquis en 19713. Notre enquête – forcément limitée – n'a pas pu vérifier cette<br />

information qui semble toutefois douteuse4, tant les médecins cambodgiens forment un<br />

groupe peu enclin à l'activisme politique, surtout de g<strong>au</strong>che. Le plus connu d'entre eux<br />

est le Dr In Sokan, pneumologue ayant également séjourné et milité en France. On le<br />

retrouve, après la victoire khmère rouge, praticien à l'Hôpital des Bonzes (devenu<br />

1 Fin 1975, une réunion du Comité Permanent du Parti Communiste la désigne comme responsable de la<br />

Culture et des Affaires Sociales. D'après sa fiche biographique établie par le Cambodian Genocide<br />

Programme. Elle est officiellement nommée Ministre des Affaires Sociales en avril 1976, <strong>au</strong> moment de<br />

la constitution du gouvernement.<br />

2 Il a rallié le gouvernement de Phnom Penh en 1998.<br />

3 Malcolm CALDWELL and LEK Hor Tan, Cambodia in the Southeast Asian War, New York : Monthly<br />

Review Press, 1973, p. 431, cité par Michael VICKERY, op. cit., n. 349, p. 328.<br />

4 Elle est douteuse pour deux raisons. La première est que Malcom Caldwell, l'<strong>au</strong>teur de l'article, est un<br />

universitaire écossais sympathisant du mouvement khmer rouge qui a intérêt à fournir des chiffres élevés<br />

de ralliements (il sera assassiné à Phnom Penh en décembre 1978 <strong>au</strong> cours d'une visite). La seconde est<br />

que les biomédecins interrogés par nous à ce sujet n'en savent rien, bien qu'ils aient, en général, une<br />

bonne connaissance du devenir de leurs collègues.

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