29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

319<br />

Q - Vous avez des médecins traditionnels qui entrent dans votre hôpital<br />

pour soigner ?<br />

R - Non... Oui, quelquefois.<br />

Q - C'est courant ?<br />

R - Quelquefois, oui, parce que ce sont des malades désespérés comme<br />

les cancers <strong>au</strong> stade avancé. On attend la mort. Ils calment la psychologie de ces<br />

gens-là.” (directeur d'hôpital)<br />

Finalement, le troisième point notable est l'indifférence relative avec<br />

laquelle les médecins interviewés regardent la “médecine traditionnelle”, dans leur vie<br />

personnelle comme dans leur pratique professionnelle. Seul, un interviewé plus virulent<br />

aborde le thème du charlatanisme mais il étend son propos à l'ensemble des produits<br />

alimentaires et, <strong>au</strong>ssi bien, <strong>au</strong>x médicaments de l'industrie pharmaceutique dont<br />

be<strong>au</strong>coup sont frelatés et doivent être contrôlés.<br />

Quand ils évoquent l'expérience qu'ils ont eux-mêmes des kru, les<br />

médecins la relèguent toujours <strong>au</strong>x temps lointains de leur enfance ou à des situations<br />

extrêmes, vécues durant la période khmère rouge. “Je ne vais pas chez les kru khmaer<br />

car je suis médecin mais j'y allais quand j'étais petit”, nous dit l'un d'eux, avec une<br />

légère réticence. Il f<strong>au</strong>t parfois insister un peu pour que les interviewés acceptent d'en<br />

parler :<br />

Q - “Vous, vous n'avez jamais été soigné par un kru khmaer ?<br />

R - Non, non.<br />

Q - Même quand vous étiez petit ?<br />

R – [Rire].<br />

Q - Et sous Pol Pot, comment vous faisiez ?<br />

R - Sous le régime de Pol Pot, j'ai été malade une fois. C'étaient la<br />

diarrhée et la fièvre. Mais à ce moment-là, je connaissais <strong>au</strong>ssi des plantes<br />

traditionnelles. [...] Ce sont les sujets âgés, ce sont les habitants expérimentés, et<br />

même mes parents qui m'ont parlé de ces plantes-là. J'ai dû essayer parce que, à<br />

ce moment-là, il n'y avait pas de médicaments. Il fallait essayer [ces plantes] ou<br />

mourir. Et quand même il y a eu un résultat”.<br />

Ils éloignent également la “médecine traditionnelle” de leur vie<br />

professionnelle. S'agissant de la présence de kru dans leurs services, à l'invitation de<br />

patients, l'idée n'est pas tant, pour eux, d'interdire des pratiques hétérogènes que d'éviter

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!