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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Le directeur - Ils ne sont pas à l'hôpital. Ils sont dans la province mais il f<strong>au</strong>t<br />

une signature du Comité [Populaire de la Santé] pour qu'ils soient délivrés à<br />

l'hôpital.<br />

Nancy - Eh bien, si vous avez des médicaments, notre O.N.G. n'a plus besoin<br />

d'en fournir 1 ! (notes de terrain, hôpital provincial, septembre 1994, entretien<br />

en anglais et en khmer)<br />

A côté de ces réunions sur la gestion de l'hôpital qui se déroulent à<br />

huis clos, ces mêmes codes de communication décalés peuvent avoir lieu <strong>au</strong> chevet<br />

du malade où la discussion s'impose d'<strong>au</strong>tant plus, pour le superviseur occidental, que<br />

les visites collectives des malades hospitalisés sont l'occasion d'améliorer les<br />

diagnostics et de réviser les connaissances.<br />

Visite du matin. La patiente est une jeune fille de vingt ans environ qui<br />

souffre de constipation. Daniel [le médecin de l'O.N.G.] s'attarde à son chevet<br />

et prend sa feuille, suspendue <strong>au</strong> bout de son lit. La courbe de température lui<br />

pose problème. 'C'est bizarre', dit-il en portant sa main à son menton en signe<br />

de préoccupation. La mère de la patiente suit avec attention chacun de ses<br />

gestes. Deux diagnostics ont été posés, lit Daniel sur la feuille de la malade,<br />

ceux de typhoïde et d'ulcère. Il s'en étonne (sans changer d'intonation, de la<br />

voix calme, douce et monocorde qui lui est habituelle mais en fronçant les<br />

sourcils) et demande à l'infirmier combien de temps il prend la température.<br />

Ce dernier se trouble, rougit. 'Cinq minutes', répond-il un peu <strong>au</strong> hasard, pour<br />

ne pas rester silencieux car il sait que les questions françaises sont toujours<br />

directes et exigent une réponse précise et claire. Daniel insiste <strong>au</strong>près de Vuth<br />

[le médecin assistant] : 'Alors, pourquoi vous posez un diagnostic de typhoïde<br />

s'il n'y a pas de température ?'. Après un moment de flottement, Vuth finit par<br />

lui répondre qu'il n'en sait rien. (notes d'observation, dispensaire, avril 1992)<br />

L'intervention d'un médecin humanitaire dans la relation entre un<br />

médecin cambodgien et son patient, <strong>au</strong> cours des consultations externes, provoque<br />

souvent le retrait du second qui manifeste ainsi le souci de maintenir indépendante sa<br />

propre relation thérapeutique. Le contrôle informel est facilité par l'exiguïté des<br />

loc<strong>au</strong>x des dispensaires qui oblige les médecins, <strong>au</strong> moment de l'afflux des patients à<br />

la consultation externe, à recevoir ces derniers à plusieurs dans la même pièce. Un<br />

exemple clair de ce type d'attitude est donné par Vuth, un médecin assistant qui, en<br />

présence du médecin français, s'extrait symboliquement de la nouvelle relation<br />

1 Ce propos est délibérément provocateur car les fournitures de la pharmacie centrale sont notoirement<br />

insuffisantes pour couvrir les besoins d'un hôpital provincial.

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