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Les Médecins au Cambodge - Odris

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personnes rencontrées <strong>au</strong> cours de cette enquête pense, pour avoir entendu des<br />

messages de prévention, que la tuberculose se transmet par la salive, la toux ou les<br />

crachats et, d'une façon générale, par le contact quotidien avec un malade.<br />

Son origine peut néanmoins être très diverse, montrant que le fait de<br />

nommer une maladie n'en épuise pas le sens. Elle peut, par exemple, être transmise<br />

de façon héréditaire, en général par les femmes. Cette interprétation, donnée par une<br />

interlocutrice, résulte d'une observation qu'elle a faite personnellement et qu'elle<br />

exprime ainsi : “Pendant le régime de Pol Pot, mes voisins ont attrapé la tuberculose.<br />

Bien sûr, ça n'a pas été diagnostiqué puisqu'il n'y avait pas de docteur à cette époque.<br />

Le père l'a attrapé en premier. Puis il a transmis la maladie à son troisième enfant<br />

mâle et puis à son quatrième enfant mâle. Aucun de nous n'avait peur de l'attraper<br />

puisqu'on avait remarqué que, dans cette famille, la tuberculose se transmettait du<br />

père <strong>au</strong>x fils. De toute façon, à cette époque, on n'avait peur de rien [puisqu'on vivait<br />

terrorisés par les Khmers Rouges]” (femme, 45 ans, originaire de Battambang, sans<br />

travail).<br />

Dans d'<strong>au</strong>tre cas, elle peut être due à une rupture de l'équilibre des<br />

éléments ch<strong>au</strong>ds (kdao, ekþA) et froids (troceak, RtCak´ ) dans le corps, qui entraîne un<br />

excès de “chaleur”, c<strong>au</strong>se fréquente de maladies1. Mais lorsque l'apparition de la<br />

tuberculose intervient après un accouchement, le déséquilibre peut, dans certains cas,<br />

se manifester de façon opposée. En effet, la mise <strong>au</strong> monde s'accompagne d'une<br />

importante perte de “chaleur” dans le corps. Elle est compensée par la “cuisson” de<br />

la parturiente grâce à un feu couvant, maintenu sous le lit pendant trois jours et trois<br />

nuits2 et par l'absorption de tisanes préparées par un kru. Quand, pour diverses<br />

raisons, la cuisson ne peut avoir lieu, les sasay (sré s) 3 abîmés de la parturiente ne<br />

1 La symbolique du corps <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> associe des principes par couple d'opposition. Sans entrer<br />

dans les détails d'un sujet qui demanderait un long développement, nous avons noté que les principes<br />

de fraîcheur/blancheur/rondeur (des chairs)/statut social élevé s'opposaient, de diverses façons et en de<br />

multiples occasions de la vie quotidienne, à ceux de chaleur/noirceur/maigreur/statut social inférieur.<br />

La maladie, indésirable, relève donc souvent du “ch<strong>au</strong>d”, principe négatif. C'est là une explication qui<br />

surdétermine, en la dépassant, la théorie humorale.<br />

2 Cela se pratique à l'hôpital <strong>au</strong>ssi quand le personnel ne s'y oppose pas ⎯ c'est-à-dire surtout dans les<br />

dispensaires rur<strong>au</strong>x. Quand ce n'est pas possible, la mère s'emmitoufle de la tête <strong>au</strong>x pieds dans des<br />

lainages.<br />

3 A propos des sasay et de la maladie post-partum toah sasay, voir note 1, p. 326.

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