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Les Médecins au Cambodge - Odris

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logique de la lente “marche vers le Sud” (Nam tien) des colons vietnamiens, entamée<br />

dès le XVIIe siècle et qui a vu Prey Nokor la cambodgienne devenir Saigon en 1623.<br />

Le roi s'avise, après la signature du traité avec les Français, de poursuivre<br />

la politique d'équilibre fragile menée jusque-là, cherchant à contrebalancer l'influence<br />

française par le maintien de relations secrètes avec le Siam. Peine perdue. Il est menacé<br />

et doit respecter l'une des cl<strong>au</strong>ses les plus contraignantes de l'accord : renoncer à toute<br />

initiative en direction de l'étranger. Le <strong>Cambodge</strong> se trouve, de fait, relativement<br />

protégé contre les appétits de ses voisins1, mais <strong>au</strong> prix d'un isolement local et de la<br />

renonciation <strong>au</strong> système traditionnel d'échanges économiques et culturels qui le liait à<br />

ses voisins, notamment le Siam2. La France, quant à elle, fait longtemps preuve d'un désintérêt total pour le<br />

petit roy<strong>au</strong>me. Ang Duong, le père de Norodom, a déjà, à plusieurs reprises, fait appel<br />

<strong>au</strong>x Français sur les conseils de Monseigneur Miche – évêque de la Cochinchine<br />

occidentale et du <strong>Cambodge</strong> et proche du roi – après avoir pensé demander le soutien<br />

des Britanniques. Ses demandes restent sans réponse ou les négociations sont si mal<br />

menées qu'elles n'aboutissent pas3. C'est que l'Indochine – et a fortiori les petits pays<br />

que sont le <strong>Cambodge</strong> et le Laos – n'est, dans un premier temps, qu'un enjeu secondaire<br />

dans des desseins géopolitiques et économiques de plus vaste ampleur. La France,<br />

comme l'ensemble des puissances capitalistes européennes, cherche un débouché<br />

commercial en Extrême-Orient, et, en particulier, en Chine du Sud pour contrebalancer<br />

l'influence des Britanniques <strong>au</strong>x Indes et leur succès à Hong Kong – qui passe sous leur<br />

contrôle, cédé par la Chine, en 1842. Le Mékong et les fleuves du Viêt Nam sont alors<br />

perçus comme des voies de pénétration intéressantes.<br />

1 Ce n'est vrai qu'à demi, toutefois. Selon les termes d'un accord de 1867, la France soustrait le <strong>Cambodge</strong><br />

à la tutelle siamoise en échange de trois provinces cambodgiennes du Nord-Est (Battambang, Sisophon et<br />

Siem Reap). Elles seront rétrocédées par la suite, en 1907.<br />

2 Alain FOREST, Le <strong>Cambodge</strong> et la colonisation française. Histoire d'une colonisation sans heurts<br />

(1897-1920), Paris : L'Harmattan, 1980, pp. 7-8.<br />

3 Voir notamment Pierre LAMANT, “<strong>Les</strong> prémices des relations politiques entre le <strong>Cambodge</strong> et la<br />

France vers le milieu du XIXe siècle”, Revue Française d'Histoire d'Outre-Mer, 1985, LXXII, 267,<br />

pp. 167-198. En 1856, la négociation manquée de Charles de Montigny, en route pour Bangkok et<br />

Tourane (i.e. Danang, en Annam) avec le roi cambodgien, est une accumulation exemplaire de<br />

maladresses protocolaires et diplomatiques. Elle montre <strong>au</strong>ssi combien le <strong>Cambodge</strong> n'est alors pour les<br />

Français qu'une escale mineure vers des destinations plus importantes.

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