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Les Médecins au Cambodge - Odris

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première mission envoyée à l'étranger avait pour but de rechercher, en Birmanie,<br />

berce<strong>au</strong> des Môn, le costume originel “khmer-môn”. Telles sont les tentatives, futiles<br />

mais désespérées, pour construire un discours identitaire face <strong>au</strong>x menaces qui pèsent<br />

sur le pays. Mais, plus que l'incohérence gouvernementale, c'est l'entrée dans la guerre<br />

qui déstructure profondément la société cambodgienne, animant la population d'un<br />

sentiment général de “s<strong>au</strong>ve-qui-peut” dont on trouve l'empreinte dans le système de<br />

santé.<br />

C - Le système de santé dans la logique de guerre<br />

Face à l'attitude des nouvelles <strong>au</strong>torités de Phnom Penh, les mouvements<br />

de troupes viêt-cong se multiplient sur le territoire cambodgien1 et suscitent la riposte de<br />

la nouvelle armée républicaine. Au début de la saison sèche (avril-juin) de 1970, les<br />

forces terrestres et aériennes américaines et sud-vietnamiennes attaquent en masse2, toujours à la recherche du quartier général secret du Viêt-cong, à l'Est (région de<br />

Mimot). <strong>Les</strong> combats s'étendent ensuite à la plus grande partie du pays entre, d'une part,<br />

Américains, Sud-Vietnamiens et armée républicaine cambodgienne et, d'<strong>au</strong>tre part,<br />

Viêt-cong, Nord-Vietnamiens et troupes communistes cambodgiennes. <strong>Les</strong> Sud-<br />

Vietnamiens multiplient pillages, viols et violences en représaille <strong>au</strong>x massacres de<br />

mars 1970 tandis que leurs alliés cambodgiens forment un groupe militaire faible<br />

malgré la mobilisation générale et l'aide matérielle américaine, peu entraîné, mal dirigé,<br />

et de moins en moins convaincu3. Quant <strong>au</strong>x communistes cambodgiens, leurs hommes<br />

sont <strong>au</strong> contraire de plus en plus nombreux, disciplinés et habités de la rage de vaincre.<br />

Dès la fin juin 1970, le gouvernement républicain a perdu le contrôle de la moitié du<br />

territoire national et la situation ne fera qu'empirer avec le temps. L'encerclement des<br />

1 Soit 50 000 Viêt-cong (révolutionnaires du Sud-Viêt Nam) et Nord-Vietnamiens, d'ap. Charles<br />

MEYER, op. cit., p. 341.<br />

2 30 000 G.Is et 40 000 Sud-Vietnamiens lancent l'offensive, d'ap. David P. CHANDLER, The Tragedy of<br />

Cambodian History. Politics, War and Revolution since 1945, New Haven : Yale Univ. Press, 1991,<br />

p. 204.<br />

3 La condition des hommes de troupe, accompagnés dans leur campagne par femmes et enfants, est<br />

misérable et contraste avec la vie de leurs commandants “qui se comportaient en seigneurs de la guerre<br />

mais qui demeuraient à Phnom Penh, bien en sécurité. Ces derniers devinrent les nouve<strong>au</strong>x riches du<br />

régime ; ils menaient une vie luxueuse dans l'inconscience et la déb<strong>au</strong>che, sans même qu'il leur vînt à<br />

l'idée de s<strong>au</strong>ver les apparences”, écrit un ancien militaire républicain. Voir ROS Chantrabot, op. cit., p.<br />

89.

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