29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

445<br />

prestations gratuites, soit pour le recouvrement des coûts hospitaliers1, ce qui<br />

demande de connaître avec précision les sommes réellement dépensées par les<br />

patients en fonction de leurs ressources et celles qu'ils sont prêts à dépenser, afin de<br />

fixer des tarifs acceptables. Cette franche divergence dans les objectifs des uns et des<br />

<strong>au</strong>tres oblige les soignants cambodgiens à des efforts continuels pour masquer les<br />

rétributions dont ils sont les bénéficiaires. Cela contribue à entretenir un climat<br />

d'observation mutuelle où l'anthropologue tient parfois une place délicate car il peut<br />

être tour à tour sollicité pour décrire des pratiques proscrites et prié de “tenir sa<br />

langue”. <strong>Les</strong> soignants cambodgiens doivent donc, sur ce plan également, s'adapter<br />

<strong>au</strong>x habitudes des humanitaires et s'efforcer de fixer rendez-vous à leurs clients<br />

personnels pendant l'absence des Occident<strong>au</strong>x, avec les incidents toujours possibles,<br />

résultant des imprévus et les conséquences que cela entraîne pour les patients,<br />

obligés d'attendre ou de revenir.<br />

La sollicitation et l'acceptation de dons de la part des patients, est un<br />

sujet de discussion également car il est exclu pour les soignants cambodgiens comme<br />

pour leurs clients, que les premiers ne soient pas dédommagés de leur travail, même<br />

de façon modeste. Il semble que, sur ce plan, les habitudes soient très diverses d'un<br />

établissement à l'<strong>au</strong>tre, certains soignants affirmant, pour se justifier, que “les<br />

malades donnent ce qu'ils veulent” (et cela rappelle le principe du don <strong>au</strong>x moines et<br />

<strong>au</strong>x médecins traditionnels), tandis que des patients accusent à voix basse certains<br />

hôpit<strong>au</strong>x de pratiquer des tarifs occultes prohibitifs (en particulier pour les opérations<br />

car elles impliquent plusieurs soignants) ou de négliger ceux qui ne peuvent payer<br />

cher. Dans tous les cas, le patient verse la somme à la fin de la consultation, de façon<br />

plus ou moins discrète, selon qu'il connaît les positions de l'O.N.G. ou, <strong>au</strong> contraire,<br />

les ignore. Cette nécessité d'un échange discret contribue à poser le problème de la<br />

légitimité des médecins vis-à-vis de leurs patients dans un contexte où les critiques<br />

du corps médical sont déjà répandues.<br />

1 Prescrite par l'Initiative de Bamako, la participation financière des patients commence à être<br />

appliquée dans quelques établissements. D'<strong>au</strong>tres se montrent réticents. Dans les dispensaires de<br />

campagne que nous avons visités, elle est minime et permet uniquement d'offrir une petite prime <strong>au</strong><br />

personnel ou de contribuer très partiellement <strong>au</strong>x frais de fonctionnement.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!