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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Certains hésitent, se rappelant le régime précédant qui, sous couvert<br />

d'appel à la collaboration, cherchait à confondre les anciens “bourgeois”, <strong>au</strong>teurs de<br />

biographies inexactes. Ceux qui les premiers ont rejoint les rangs du nouve<strong>au</strong> régime<br />

incitent leurs anciens camarades, retrouvés <strong>au</strong> hasard des rencontres ou grâce <strong>au</strong><br />

bouche-à-oreille, à les rejoindre et les aident à effectuer les démarches – sommaires à<br />

cette période d'urgence – nécessaires à leur intégration. Une certaine solidarité se fait<br />

jour à ce moment entre camarades de promotion rescapés, les mieux nantis intervenant<br />

en faveur des plus démunis ou les aidant de quelques repas. Elle reste cependant limitée<br />

et ne s'exerce qu'à titre personnel et amical, sans prendre la dimension d'une entraide de<br />

type professionnel.<br />

Le salaire, pendant des mois, est versé en riz, à raison d'une quinzaine de<br />

kilos par fonctionnaire, <strong>au</strong>xquels s'ajoutent environ huit kilos supplémentaires par<br />

personne à charge. Cela couvre à peu près les besoins alimentaires du “salarié” mais est<br />

insuffisant pour ses dépendants1. La provenance de ce riz, devenu une véritable monnaie<br />

nationale jusqu'à la réintroduction du riel cambodgien en mars 1980, est d'origine<br />

diverse, nationale ou étrangère2. D'<strong>au</strong>tres avantages en nature viennent par ailleurs<br />

agrémenter le quotidien. <strong>Les</strong> soins sont gratuits et de meilleure qualité pour les “cadres”<br />

que pour le “peuple” (pracheachun) et l'hôpital de la Révolution, qui est réservé <strong>au</strong>x<br />

premiers, retrouve sa réputation d'<strong>au</strong>trefois, qui est de délivrer les meilleurs services<br />

hospitaliers du pays. Pouvoir se soigner et soigner sa famille ; obtenir des médicaments<br />

qui, par ces temps de pénurie, se vendent à prix d'or <strong>au</strong> marché noir ; avoir accès <strong>au</strong>x<br />

magasins d'Etat qui délivrent du riz à faible prix, ainsi que quelques denrées et<br />

1 L'aliment de base <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> est le riz, accompagné, en général, d'un plat liquide (samlo ou sgao par<br />

exemple) ou s<strong>au</strong>té, composé de légumes et, si possible, de poisson ou de viande. Dans sa version la plus<br />

frugale, le repas est uniquement fait de riz et de pâte de poisson fermentée (prahoc). Si l'on évalue à 200<br />

grammes de riz décortiqué la quantité consommée par un adulte en un repas (et sans compter la soupe de<br />

riz, bobo, du matin), la consommation est de onze kilogrammes de riz blanc par mois environ.<br />

2 Il semble que l'Union Soviétique ait surtout livré du maïs (aliment peu prisé <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> parce qu'il<br />

remplace le riz en période de disette). Le Viêt Nam – dont les provinces étaient jumelées à celles du<br />

<strong>Cambodge</strong> – a contribué <strong>au</strong>x premières livraisons ainsi que, à leur corps défendant, les pays occident<strong>au</strong>x<br />

par le biais des organisations internationales coordonnées par une Mission Conjointe dirigée par<br />

l'U.N.I.C.E.F. et le Comité International de la Croix Rouge. Persuadés qu'une famine sans précédent se<br />

préparait <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> en ce début de 1979, cette mission a accepté – en dépit du fait que l'O.N.U. se<br />

refusait à reconnaître la République Populaire – les conditions du gouvernement de Phnom Penh qui<br />

désirait assurer lui-même la distribution des denrées. Une bonne partie de ce riz a contribué à remettre sur<br />

pied la nouvelle fonction publique. Le détail de cette opération est donné par William SHAWCROSS, Le<br />

poids de la pitié, Paris : Balland, 1985, 413 p. [1ère éd. am. 1984].

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