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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Concrètement, les étrangers espèrent donc, par un travail quotidien<br />

<strong>au</strong>près de leurs collègues cambodgiens, voir maintenir les loc<strong>au</strong>x dans un état de<br />

propreté et d'hygiène conforme, selon eux, à une structure biomédicale “normale”.<br />

<strong>Les</strong> infirmiers occident<strong>au</strong>x, de façon unanime, cherchent à améliorer l'application des<br />

règles d'asepsie liés <strong>au</strong>x soins des malades (stérilité des seringues, du matériel de<br />

soins et des pansements, comme le montre le Document 2, pages suivantes).<br />

Tandis que les médecins étrangers, en fonction du nive<strong>au</strong> de<br />

connaissance de leurs collègues cambodgiens1, veillent à l'amélioration des<br />

diagnostics et des prescriptions2 en complétant l'information médicale lorsqu'elle est<br />

défaillante sur tel ou tel point, sensibilisent <strong>au</strong>x notions de santé publique<br />

(vaccination, alimentation, hygiène) et s'efforcent d'améliorer l'organisation<br />

hospitalière en rationalisant la division du travail3. En dernière analyse, les<br />

Occident<strong>au</strong>x ont pour objectif principal de conserver l'hôpital comme lieu central<br />

d'offre de soins médic<strong>au</strong>x, même s'ils doivent pour cela imaginer des systèmes de<br />

financement parallèles, comme cette infirmière qui avait envisagé de créer un<br />

élevage commercial de poissons dans le jardin du dispensaire pour compléter une<br />

opération de recouvrement des coûts des soins <strong>au</strong>près des malades, opération plus<br />

symbolique qu'effective car les sommes recueillies étaient dérisoires.<br />

1 Rappelons, comme nous l'avons montré dans la troisième partie, que le nive<strong>au</strong> de formation du<br />

personnel médical cambodgien vers 1990-1995 est très hétérogène car il a fallu répondre à l'urgence<br />

médicale dans les années 1980 avant de relever peu à peu les exigences universitaires.<br />

2 On remarquera que, sur ce point, les méthodes de travail des médecins humanitaires français et<br />

étatsuniens ne sont pas identiques. Dans notre enquête, les premiers s'étonnent de l'emploi par les<br />

seconds, sur la feuille de malade, de termes impressionnistes et génér<strong>au</strong>x tels que “he looks not so ill,<br />

he looks ill, he looks very ill”, que les assistants médic<strong>au</strong>x khmers formés dans les camps selon la<br />

méthode anglo-saxonne utilisent à leur tour. Réciproquement, des interviews avec des Nord-<br />

Américains laissent apparaître qu'ils trouvent trop abondantes les prescriptions de leurs confrères<br />

français.<br />

3 Il f<strong>au</strong>t noter ici que les évaluations faites par les Occident<strong>au</strong>x de la qualité du travail des personnels<br />

médic<strong>au</strong>x cambodgiens varient d'une personne à l'<strong>au</strong>tre en fonction des circonstances, des relations<br />

entretenues et, également des critères d'évaluation. Tel médecin occidental, qui a connu le système de<br />

santé vers 1980, est très favorablement impressionné par les progrès accomplis et les efforts consentis.<br />

Tel <strong>au</strong>tre, traversant une période de doute sur l'intérêt de la présence humanitaire et connaissant des<br />

difficultés relationnelles passagères à l'hôpital, focalise sur les entorses à la morale médicale et ne peut<br />

surmonter ses sentiments négatifs à la suite du décès d'une patiente qu'il attribue à une négligence.

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