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Les Médecins au Cambodge - Odris

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leur attribue. Une infime partie de ces médicaments seulement est considérée comme<br />

“froide”, par exemple la quinine et l'aspirine. <strong>Les</strong> antibiotiques, quant à eux, sont<br />

particulièrement “ch<strong>au</strong>ds”. Or la plupart des maladies étant “ch<strong>au</strong>des”, elles<br />

demandent plutôt un traitement et un régime alimentaire “froids” (troceak), comme<br />

le sont les “remèdes khmers” (thnam khmaer, zñ MaExµ r).<br />

A l'inverse des médicaments, les médecins et, plus généralement, le<br />

personnel médical, ne bénéficient pas, quant à eux, de cette image positive, même si<br />

la représentation que s'en font les patients n'est pas dénuée d'ambiguïté : certes, leur<br />

position sociale est enviée et chacun rêverait, pour son enfant ou son neveu, d'une<br />

semblable situation alliant prestige et réussite matérielle. Mais en tant que<br />

prestataires de service, on s'en méfie, de même que l'on se méfie de tous les<br />

fonctionnaires qui, investis d'une parcelle de pouvoir et travaillant en contact avec le<br />

public, en tirent un bénéfice personnel. Au moment de l'enquête, le personnel<br />

soignant n'a pas, il f<strong>au</strong>t le souligner, particulièrement bonne presse. En ville comme à<br />

la campagne, il est courant d'entendre relater des épisodes où tel parent, tel ami ont<br />

passé des heures dans l'attente d'une improbable consultation et ont été ensuite<br />

accueillis par un personnel m<strong>au</strong>ssade, discourtois ou agressif1. Le sérieux de sa<br />

formation et sa compétence sont <strong>au</strong>ssi parfois des sources d'interrogation, surtout<br />

parmi les citadins qui ont tous entendu parler – les rumeurs s'amplifiant d'année en<br />

année – de la corruption qui règne à la Faculté de Médecine et qui permet, contre<br />

espèces sonnantes et trébuchantes, de “réussir” le concours d'entrée.<br />

Mais <strong>au</strong>-delà des expériences personnelles, colportées de famille en<br />

famille et de village en village (ou de quartier en quartier), ce qui cristallise ces<br />

représentations négatives, c'est surtout une amertume plus globale à l'égard d'un<br />

gouvernement qui ne tient plus ses promesses : les critiques adressées <strong>au</strong>x médecins<br />

le sont d'abord, implicitement ou explicitement, à un système de santé et, <strong>au</strong>-delà, à<br />

un système politique en trompe-l'œil qui maintient opiniâtrement l'illusion officielle<br />

d'un service public gratuit, compétent et animé du seul désir de servir le “peuple”<br />

1 Dans l'enquête de l'O.N.G. Enfance Espoir déjà citée, les personnes se déclarant insatisfaites de leur<br />

expérience <strong>au</strong> dispensaire (un quart de l'échantillon) l'expliquent par le m<strong>au</strong>vais accueil reçu (30 %),<br />

l'attente démesurément longue (20 %), la perte de temps (30 %) et l'absence de médicaments (20 %).

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