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Les Médecins au Cambodge - Odris

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les moyens matériels sont souvent réduits, tendance qui s'accroît vers la fin des années<br />

1960. Dans les <strong>au</strong>tres domaines, comme l'enseignement médical ou l'action préventive,<br />

la présence d'instances étrangères, comme on l'a vu, demande des négociations qui sont<br />

censées relever des <strong>au</strong>torités cambodgiennes <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> et dans lequel les<br />

médecins ordinaires n'interviennent pas.<br />

Dans ces conditions, les médecins, tout comme les pharmaciens ou les<br />

dentistes formés par la suite, se voient assignés un statut social traditionnel, celui du<br />

fonctionnaire de l'administration royale, bien qu'il se révèle peu adapté à leur situation<br />

propre. L'idéologie sangkumienne qui fait de l'Etat monarchique le serviteur du “petit<br />

peuple” ne constitue pas plus une possibilité pour les médecins de s'identifier à cette<br />

image et de se former de la sorte une nouvelle identité. Cette conception du service<br />

public est en effet largement monopolisée par le prince lui-même. Multipliant les<br />

tournées provinciales et les in<strong>au</strong>gurations de bâtiments publics, faisant des dons de<br />

médicaments ou de tissus dans les villages ; dons agrémentés de longs discours dont il a<br />

le secret, il poursuit une habitude culturelle d'aide personnalisée, court-circuitant un<br />

système public anonyme et par endroit indigent.<br />

Cette situation est mal vécue par be<strong>au</strong>coup de médecins, notamment les<br />

jeunes et surtout <strong>au</strong> début du Sangkum, alors dans l'enthousiasme de l'indépendance.<br />

Mais ces frustations ne s'expriment qu'en privé. En partie parce que les conditions<br />

politiques ne permettent guère l'expression d'une opposition ; en partie, également,<br />

parce que le modèle d'une activité médicale cambodgienne reste à inventer, dans une<br />

“société traditionnelle où l'on a peur du changement”, selon les termes d'un médecin<br />

ayant commencé sa carrière <strong>au</strong> moment de l'indépendance.<br />

<strong>Les</strong> réponses, s'exprimant dans la sphère politique, sont rares et toutes<br />

individuelles. Quelques médecins, proches de la cour, se retrouvent conseillers roy<strong>au</strong>x,<br />

tel le Dr Ngo Hou, ancien médecin indochinois, h<strong>au</strong>t gradé de l'armée royale. Quelques<br />

<strong>au</strong>tres sont élus à l'Assemblée Nationale. Le malaise perce à quelques occasions<br />

seulement. Si, par exemple, les <strong>au</strong>torités cambodgiennes tiennent avec insistance à<br />

organiser un cursus complet d'études à Phnom Penh, c'est, disent certains médecins,<br />

pour former les élites du pays à domicile et éviter l'exil des mécontents. “Certains<br />

spécialistes de l'éducation estimaient qu'il serait plus avantageux d'envoyer les meilleurs<br />

étudiants khmers dans les grandes écoles d'Europe ou du Japon. Mais le prince

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