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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Si les biomédecins ont parfois été appelés à servir dans le système de<br />

santé khmer rouge, la grande majorité d'entre eux en ont cependant été totalement<br />

exclus, y compris ceux qui, à l'étranger <strong>au</strong> moment de la victoire du nouve<strong>au</strong> régime,<br />

ont décidé de rentrer <strong>au</strong> pays. Cela rappelle exactement la situation des volontaires de<br />

l'U.R.S.S. stalinienne : “Aux communistes des pays non communistes qui se réfugièrent<br />

ou furent appelés à Moscou, une amère expérience apprit qu'ils constituaient une<br />

menace pour l'Union soviétique. <strong>Les</strong> communistes convaincus sont en ce sens [...] <strong>au</strong>ssi<br />

ridicules et <strong>au</strong>ssi menaçants <strong>au</strong>x yeux du régime russe que les nazis convaincus de la<br />

faction Röhm l'étaient pour les nazis.” 1 <strong>Les</strong> médecins ralliés forment néanmoins, du fait<br />

de leur engagement tardif dans la révolution, une catégorie légèrement supérieure à<br />

celle des biomédecins déportés, devenus paysans. Pour décrire leur situation et la lente<br />

prise de conscience de leur propre inutilité dans cette révolution, on prendra comme fil<br />

conducteur le récit que nous ont fait deux d'entre eux.<br />

2 - L'exclusion des médecins de “l'Ancien Régime”<br />

a) <strong>Les</strong> volontaires rapatriés : des éléments à rééduquer<br />

Un millier d'officiers, de diplomates et d'intellectuels, à l'étranger en avril<br />

1975, décident de répondre à l'appel du nouve<strong>au</strong> régime, leur demandant de rentrer <strong>au</strong><br />

pays afin de participer à la reconstruction nationale. Dans ces divers contingents de<br />

volontaires arrivés à Phnom Penh entre 1975 et 1978 se trouvent une dizaine de<br />

médecins dont Lan Kim Chhean2. Lan Kim Chhean est né de parents paysans “très p<strong>au</strong>vres”, dans un<br />

village de la province de Kompong Cham. Il se dit “touché” très tôt par les inégalités de<br />

la société cambodgienne. Dès ses années de lycée <strong>au</strong> chef-lieu de province et comme<br />

be<strong>au</strong>coup de ses camarades, il admire les ténors de g<strong>au</strong>che de l'époque, Hou Yuon, alors<br />

1 Hannah ARENDT, op. cit., p. 197.<br />

2 Il s'agit d'un pseudonyme.

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