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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Le second point de vue exposé dans les entretiens est celui de la<br />

“médecine traditionnelle” vue comme une médecine particulière, spécifique, en<br />

opposition à l'universalité de la médecine. Particulière, elle l'est à plusieurs titres. En<br />

premier lieu, son efficacité se limite à certains cas précis. <strong>Les</strong> pathologies citées sont<br />

d'ailleurs différentes selon les médecins interrogés : affections dermatologiques,<br />

fractures, diarrhées, pathologies du cornet, ulcères gastriques, crises d'asthme, piqûres<br />

de serpents... Dans les <strong>au</strong>tres cas, elle est dangereuse, comme le prouvent les nombreux<br />

accidents thérapeutiques rencontrés directement ou par ouï-dire : “Le kru khmaer sait<br />

soigner le cornet par une torsion avec de la paille, mais les malades nous arrivent parfois<br />

avec une hémorragie”, se plaint un médecin O.R.L. Un généraliste confirme qu'“il y a<br />

des accidents. On rencontre des cas allant jusqu'<strong>au</strong> coma. (…) Je ne sais pas de quoi il<br />

s'agit exactement. <strong>Les</strong> patients disent juste qu'ils ont pris des remèdes traditionnels”. Un<br />

troisième, chirurgien, s'élève également contre les kru : “Il y a des cas de complication à<br />

c<strong>au</strong>se des médecins traditionnels. Surtout la tr<strong>au</strong>matologie. <strong>Les</strong> médecins traditionnels<br />

ne savent pas réduire les fractures, les patients gardent des séquelles”.<br />

Seul le responsable du Centre de Médecine Traditionnelle, pharmacien<br />

de formation, se démarque, comme sa fonction le lui commande, de ces opinions assez<br />

réservées : “<strong>Les</strong> kru khmaer pratiquent librement depuis la Libération [1979]. Ils n'ont<br />

pas d'<strong>au</strong>torisation officielle mais s'il y a un accident mortel, on peut leur interdire de<br />

pratiquer. Mais il y a peu d'accidents par intoxication médicamenteuse par les kru<br />

khmaer. [...] Il y a des kru khmaer fabricant proprement leurs produits, avec des doses<br />

convenables, des indications convenables”. Mais sa défense des médecins traditionnels<br />

n'est pas que de pure forme car il montre, <strong>au</strong> cours de l'entretien, une certaine hardiesse<br />

politique à témoigner des dons magiques qu'il a constatés chez certains d'entre eux.<br />

Ainsi, dans la mesure où la médecine traditionnelle n'est pas<br />

standardisée, les médecins appellent de leurs vœux son contrôle, qui doit prendre une<br />

forme à la fois scientifique et politique. D'abord, pensent-ils, l'expérimentation et<br />

l'examen des résultats permettraient seuls de conclure à l'efficacité des produits absorbés<br />

par les patients. En l'absence de ces expérimentations, leur jugement est réservé, disentils.<br />

Le contrôle politique serait, quant à lui, du ressort du ministère de la Santé ou du<br />

service de santé municipal, s'il s'agit de Phnom Penh. Ils souhaiteraient que les produits<br />

en vente sur le marché soient soumis à <strong>au</strong>torisation. Dans ce cas également, la médecine

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