29.06.2013 Views

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

Les Médecins au Cambodge - Odris

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

327<br />

mechou mais elle sert <strong>au</strong>ssi à calmer les gonflements (haeum, ehIm). <strong>Les</strong> plantes qu'il<br />

désigne plus loin servent à faciliter la cicatrisation de l'utérus après l'accouchement<br />

(psah sbon kraoy chhlang tonlé, pSHs|Ú neRkayqø gTenø ), les hémorroïdes (ruh dong bat,<br />

#sdUg:t), la coqueluche (litt. “toux du poulet”, ka-ok moan, kÁ kman´ ). <strong>Les</strong> feuilles de<br />

cette dernière sont utilisées en cosmétique pour retrouver une belle pe<strong>au</strong> après<br />

l'accouchement, etc. Ici comme <strong>au</strong> Kérala1 et comme, <strong>au</strong>ssi, bien qu'à un moindre degré,<br />

dans tous les potagers entourant les maisons paysannes khmères, épices, remèdes et<br />

plantes rituelles comme le bétel ou le proteal 2 (RbTal) se mêlent.<br />

M. Sophon se décrit comme un généraliste, possédant néanmoins une<br />

spécialité, le traitement de la folie. <strong>Les</strong> plantes qui prédominent dans son potager<br />

servent à la préparation de tisanes pour les malades souffrant de troubles ment<strong>au</strong>x et<br />

pour les femmes nouvellement accouchées, deux spécialités sans équivalent dans le<br />

domaine biomédical cambodgien3. Comment s'organise le travail thérapeutique de M. Sophon ? Il s'occupe,<br />

avec ses deux enfants, des patients qu'il héberge et qui viennent, dit-il, de toutes les<br />

provinces (il cite Battambang, Prey Veng, Svay Rieng, Kandal). La famille des malades<br />

trouve à se loger sur place, comme elle le peut : dans la chambre des patients – quand ils<br />

sont calmes – ou sous un petit <strong>au</strong>vent de plastique les protégeant de la pluie en saison<br />

humide. L'attente est longue car les malades passent plusieurs mois (huit en moyenne,<br />

estime le kru) dans ce centre. C'est pourquoi les accompagnants sont souvent de vieilles<br />

femmes – mères, grand-mères ou tantes – qui ne travaillent pas hors de l'espace<br />

domestique et dont l'absence prolongée hors du foyer ne constitue pas un manque à<br />

gagner trop important. Le kru administre surtout des traitements médicamenteux, dit-il –<br />

il n'évoque pas les rituels qui accompagnent chez d'<strong>au</strong>tres kru, le traitement de la folie –<br />

et s'impose parfois à ses patients par la force pour les tenir tranquilles. L'un des malades<br />

1 Francis ZIMMERMANN, Le discours des remèdes <strong>au</strong> pays des épices, Paris : Payot, 1989, 310 p.<br />

2 Le bétel et le proteal sont des plantes communes du potager paysan. Le premier, outre sa consommation<br />

en chique par les vieilles femmes (mélangé à la noix d'arec et à la ch<strong>au</strong>x) fait partie des offrandes lors de<br />

nombreux rituels. Le proteal est un nom générique pour diverses plantes à la fonction protectrice. On le<br />

trouve <strong>au</strong>ssi planté en pot sur des balcons en ville.<br />

3 En 1996, une spécialité en psychiatrie a été créée à la Faculté de médecine de Phnom Penh ainsi qu'une<br />

consultation à l'hôpital Preah Sihanouk (l'ex-hôpital de l'Amitié Khméro-Soviétique).

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!