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Les Médecins au Cambodge - Odris

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de Oudong (à une vingtaine de kilomètres <strong>au</strong> nord de Phnom Penh). Sur ce front qui<br />

recule sans cesse sous la pression vietnamienne, Lan Kim Chhean installe un hôpital de<br />

fortune où affluent les blessés khmers rouges. Mais il n'a presque rien – utilisant de l'e<strong>au</strong><br />

salée comme antiseptique – et ne sait pas pratiquer d'opération. Un ou deux mois plus<br />

tard, intervient l'ordre de repli vers la province de Battambang. La fuite par la forêt<br />

(région de Samlot, <strong>au</strong> sud-ouest de la ville de Battambang) reste l'un des moments les<br />

pires de son existence ; expérience partagée par tous ceux qui – alliés du Kampuchea<br />

Démocratique ou population civile entraînée de force dans la fuite – ont dû errer des<br />

mois dans ces zones insalubres sous le feu de l'armée conquérante, sans nourriture ni<br />

abri.<br />

Dans les zones khmères rouges adossées à la frontière, Lan Kim Chhean<br />

retrouve ses anciens compagnons de Boeng Trabek. <strong>Les</strong> chemins et les destins divergent<br />

ensuite. Certains se sont déjà enfuis vers les camps sous égide internationale, en<br />

territoire thaïlandais. D'<strong>au</strong>tres retournent à Phnom Penh et acceptent une collaboration<br />

avec le nouve<strong>au</strong> gouvernement. D'<strong>au</strong>tres, encore, repartent vers le <strong>Cambodge</strong> mais se<br />

fondent dans la population civile et refusent de servir le régime pro-vietnamien. Enfin, il<br />

y a ceux qui, comme Lan Kim Chhean, choisissent de rester dans les maquis du<br />

Kampuchea Démocratique.<br />

Ses motivations sont multiples et, en premier lieu, nationalistes. Il ne<br />

veut en <strong>au</strong>cun cas rallier un gouvernement installé à Phnom Penh par les Vietnamiens<br />

car “malgré leur discours sur l'aide, ils étaient venus pour dominer. J'avais peur d'une<br />

colonisation massive”. Il y a, d'<strong>au</strong>tre part, le manque de perpective d'avenir. Où aller, en<br />

effet, quand on a coupé tout contact avec l'extérieur pendant quatre ans, quand il ne<br />

reste pas de survivants dans la fratrie, quand on a du mal, peut-être, à tirer un trait<br />

définitif sur un projet qui a échoué ? Enfin, les relations entre résistants se font plus<br />

proches et même si la hiérarchie reste stricte, les anciens intellectuels de Boeng Trabek<br />

ne sont plus maintenus dans l'isolement complet. Lan Kim Chhean rencontre à ce<br />

moment de h<strong>au</strong>ts dirigeants du régime, Khieu Samphan, Ieng Sary, Son Sen, Ta Mok.<br />

Et, sous l'égide de Ieng Sary, il retrouve des fonctions médicales <strong>au</strong>près du groupe des<br />

intellectuels. Plusieurs années passent ainsi jusqu'à ce que la lassitude gagne. En 1984,<br />

Lan Kim Chhean est <strong>au</strong>torisé, avec d'<strong>au</strong>tres, à quitter un mouvement qui, affaibli,<br />

retranché dans les zones forestières de la frontière avec la Thaïlande, ne retient plus les

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