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Les Médecins au Cambodge - Odris

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réalisation des programmes sanitaires et qu'il convient de connaître pour les<br />

contourner1. Nous avons ainsi fréquemment été sollicitée comme interprète, <strong>au</strong> double<br />

sens linguistique et culturel – notre connaissance de la langue khmère apparaissant<br />

souvent comme un bien meilleur gage de légitimité que notre pratique<br />

anthropologique ! Nous nous sommes efforcée de répondre à des questions ponctuelles<br />

de cet ordre quand nous avions des éléments pour le faire, tout en expliquant notre<br />

propre démarche. Celle-ci, dans la mesure où elle impliquait les rapports soci<strong>au</strong>x entre<br />

tous les acteurs de la vie hospitalière s'opposait à une conception <strong>au</strong>ssi instrumentale et<br />

extérieure de la “culture”, d'<strong>au</strong>tant plus rassurante qu'elle désigne surtout la “culture” de<br />

l'Autre.<br />

Ce dialogue que nous avons expérimenté sur le terrain avec des<br />

spécialistes du développement médical, où s'exprimait une différence d'objectifs,<br />

s'inscrit dans une réflexion déjà abordée par d'<strong>au</strong>tres anthropologues2, sur les positions<br />

respectives de l'anthropologie et de la médecine. Elle concerne les termes de l'échange<br />

scientifique susceptible d'être tenu – les anthropologues pouvant choisir, soit de<br />

réaffirmer l'objet propre de leur discipline et son indépendance, soit d'en faire une<br />

activité de recherche annexe à celle de la pratique médicale, adoptant les catégories et<br />

les idéologies de celle-ci et ép<strong>au</strong>lant en particulier ses programmes de développement<br />

en prenant en charge les aspects perçus comme culturels. Cela pose également le<br />

problème des rapports (et du choix) entre recherche appliquée et recherche<br />

fondamentale.<br />

1 C'est la raison pour laquelle, cherchant un financement pour notre recherche <strong>au</strong>près d'organisations<br />

humanitaires ou internationales (dont l'O.M.S.), nous nous sommes vu proposer uniquement des études<br />

sur les parcours thérapeutiques des patients et les raisons de leur désertion de l'hôpital car ce sont les<br />

patients qui étaient censés constituer des objets anthropologiques et en <strong>au</strong>cun cas les soignants, surtout<br />

occident<strong>au</strong>x.<br />

2 Voir par exemple Bernard HOURS, “L'anthropologue face à la demande médicale”, Colloque<br />

Anthropologie sociale et ethnologie de la France, Paris, Musée des ATP, 19-20-21 nov. 1987,<br />

dactylograph. ; François LAPLANTINE, “L'ethno-médecine. Propositions thématiques et théoriques”, in<br />

A. RETEL-LAURENTIN et al., Une anthropologie médicale en France ?, Paris : CNRS, 1983, pp. 29-40<br />

et Marc-Eric GRUENAIS, “Présentation. Une rencontre à venir”, Cahiers des sciences humaines, n°<br />

spécial “Anthropologie et santé publique”, 1992, 28, 1, pp. 3-12.

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