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Les Médecins au Cambodge - Odris

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paient des honoraires suffisamment élevés pour que leurs voix soient entendues – peu<br />

désireux d'être soignés par un médecin cambodgien, tels sont les “risques” engendrés<br />

par la “khmérisation” de l'hôpital. D'<strong>au</strong>tres arguments se réfèrent directement à<br />

l'organisation sociale hospitalière (gestion peu scrupuleuse des fonds et du matériel,<br />

utilisation de relations personnelles dans l'établissement pour bénéficier de soins<br />

gratuits).<br />

Dans tous les cas, l'invocation du caractère très particulier de la pratique<br />

médicale donne un poids supplémentaire à l'exposé des “risques” ainsi encourus.<br />

Directement responsable de son patient, le médecin français ne peut en <strong>au</strong>cun cas<br />

exercer dans un environnement hospitalier qui ne lui convient pas. Cet argument<br />

disparaîtra quelque vingt années plus tard, avec l'affermissement de la souveraineté<br />

nationale du <strong>Cambodge</strong> et la modification des conditions de la présence médicale<br />

étrangère.<br />

Des multiples péripéties qui émaillent encore le volumineux dossier des<br />

pourparlers, il ressort que Calmette deviendra “une propriété cambodgienne confiée à la<br />

France”, selon les termes élégants d'un médecin cambodgien qui participa à la<br />

commission mixte de négociations. Victoire toute symbolique car la direction, ainsi que<br />

la majorité du personnel médical resteront françaises jusqu'à l'arrivée des Khmers<br />

Rouges. L'argument financier a pesé lourd, la France acceptant de subvenir <strong>au</strong>x frais de<br />

l'établissement à condition qu'elle en conserve le contrôle. Or, le gouvernement<br />

cambodgien, qui vient de se voir céder la propriété de l'énorme Hôpital de l'Amitié<br />

Khméro-Soviétique <strong>au</strong>x frais de fonctionnement élevés, ne souhaite pas recommencer<br />

une telle expérience1. De cette tentative cambodgienne, qui se termine en semi-échec, pour<br />

prendre le contrôle d'un des symboles de la médecine curative de pointe, on observe<br />

qu'elle a été menée <strong>au</strong> plus h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> des <strong>au</strong>torités cambodgiennes et que les médecins<br />

cambodgiens ne s'y sont guère manifestés collectivement, même si les relais officieux,<br />

par l'intermédiaire des liens de parenté notamment, ont évité qu'ils soient totalement<br />

1 Cet hôpital a servi d'exemple-repoussoir dans les arguments français contre la “khmérisation”. Son<br />

délabrement rapide a été le résultat d'une m<strong>au</strong>vaise gestion, disaient-ils, tandis que les médecins<br />

cambodgiens interviewés évoquent le cade<strong>au</strong> empoisonné ainsi fait par les Soviétiques qui laissaient à la<br />

charge des finances publiques cambodgiennes un grand bâtiment.

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