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Les Médecins au Cambodge - Odris

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parfaite de l'idéologie humanitaire1. Le contrôle social dans le monde des<br />

organisations non-gouvernementales lui-même – sous la forme de rumeurs et de<br />

critiques circulant d'un bure<strong>au</strong> à l'<strong>au</strong>tre – s'exerce également sur les associations qui<br />

dérogent <strong>au</strong> principe du développement durable et se lancent dans des<br />

investissements réputés inconsidérés, tel ce bloc opératoire, transporté à grand frais<br />

(et devant les caméras de télévision du pays d'origine de cette organisation, dit-on) en<br />

avion dans l'unique dispensaire d'une province couverte de jungle et habitée par de<br />

petits groupes de chasseurs-cueilleurs disséminés sur une vaste étendue.<br />

Simples et ardemment défendus en théorie, ces principes se révèlent,<br />

en réalité, difficiles à mettre en œuvre car ils ne s'accordent pas toujours à une réalité<br />

qui, en plaçant les individus face à face, oblige à déroger <strong>au</strong>x directives générales –<br />

surtout lorsqu'il s'agit de médecine et de souffrance humaine. Le principe de non<br />

substitution demande <strong>au</strong> personnel médical étranger, en premier lieu, de ne pas<br />

projeter sur l'hôpital cambodgien des exigences inadaptées <strong>au</strong> contexte local, comme<br />

l'exprime la responsable d'une grande O.N.G. “professionnelle” nord-américaine<br />

intervenant dans un hôpital provincial : “L'hôpital n'atteindra jamais le nive<strong>au</strong><br />

(standard) espéré par les Occident<strong>au</strong>x. Mais le nive<strong>au</strong> atteint par les hôpit<strong>au</strong>x<br />

provinci<strong>au</strong>x doit être celui fixé par le ministère de la Santé et pas celui fixé par [notre<br />

organisation]. Le problème, par conséquent, c'est d'améliorer l'ensemble du système<br />

de santé et pas un hôpital unique. Je suis totalement contre la présence d'un expatrié<br />

unique essayant de se battre seul dans un hôpital [pour améliorer la qualité des<br />

soins]. Si la structure globale n'est pas améliorée, cela est inutile et cela a même des<br />

effets négatifs, en termes humains (car c'est épuisant et déprimant) <strong>au</strong>ssi bien qu'en<br />

termes d'efficacité.” Mais l'abstraction d'un développement global sur lequel est<br />

censé s'appuyer le travail médical humanitaire se heurte à des réalités humaines,<br />

comme le reconnaît elle-même notre interlocutrice : “Certaines O.N.G. à Kompong<br />

Speu [la province où nous intervenons] fournissent une aide directe [<strong>au</strong>x<br />

dispensaires]. Elles demandent <strong>au</strong> personnel de [notre organisation] de traiter les<br />

1 Un membre d'une O.N.G. française avait baptisé les employés de l'Autorité Provisoire des Nations<br />

Unies <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> les “Huns” (prononciation française de U.N.) car “plus rien ne repousse après<br />

leur passage”.

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