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Les Médecins au Cambodge - Odris

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Poursuivons l'analyse macrosociologique des médecins cambodgiens en<br />

abordant la décennie 1980, celle qui, après la chute du régime khmer rouge, voit se<br />

mettre en place les nouvelles bases socio-politiques de leur profession, à partir<br />

desquelles celle-ci va évoluer dans les années 1990 – sous l'effet, notamment, de la<br />

libéralisation politique et économique, amorcée par le régime socialiste puis<br />

considérablement amplifiée <strong>au</strong> moment de la mise sous tutelle du pays par l'O.N.U. en<br />

1992 et l'inst<strong>au</strong>ration, l'année suivante, d'un gouvernement multipartite. Quel portrait<br />

social peut-on alors tracer des médecins cambodgiens ? De quels statuts, de quels rôles<br />

socio-professionnels jouissent-ils ? Que représentent-ils pour la société cambodgienne<br />

dans son ensemble ? Quelles identités sociales développent-ils collectivement ? Et,<br />

enfin, comment exercent-ils ? Dans l'espace thérapeutique constitué par l'ensemble des<br />

acteurs soci<strong>au</strong>x impliqués dans les activités de soins <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong> – l'Etat, les<br />

thérapeutes “traditionnels” et les patients potentiels – les médecins, en tant que groupe,<br />

se définissent et sont définis dans un triple rapport.<br />

En tant que fonctionnaires du nouvel Etat socialiste, d'abord, les<br />

médecins se voient assigner un statut professionnel et un cadre d'exercice qui fixent, de<br />

manière contraignante, leur pratique médicale et lient leur destin collectif à celui du<br />

pouvoir politique, appelant de leur part, comme cela a été le cas lors des périodes<br />

historiques précédentes, des réponses spécifiques. La lutte sourde pour le droit – ou,<br />

plus modestement, la tolérance officieuse – à l'exercice de la médecine privée va peu à<br />

peu devenir un enjeu central de ce rapport. En second lieu, la question de la “dominance<br />

professionnelle”, centrale dans les recherches sociologiques sur la profession médicale<br />

dans les sociétés occidentales, doit être remplacée par une interrogation plus<br />

constructiviste dès lors qu'on l'aborde dans des sociétés où les médecins ne disposent<br />

pas du monopole légal d'exercice de la médecine1. La profession médicale se construit<br />

en effet <strong>au</strong> sein d'un espace thérapeutique partagé avec les thérapeutes “traditionnels” et<br />

les clients potentiels qui, dans une situation de pluralité thérapeutique, disposent d'un<br />

éventail de choix be<strong>au</strong>coup plus important que dans les sociétés occidentales.<br />

1 Dans un travail pionnier pour l'histoire des professions médicales hors d'Occident, John Iliffe (East<br />

African Doctors. A History of the Modern Profession, Cambridge : Cambridge Univ. Press, 1998, 336 p.)<br />

note également que la question du pouvoir professionnel doit être repensée concernant la constitution du<br />

corps médical en Afrique de l'Est.

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