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Les Médecins au Cambodge - Odris

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A – La barrière linguistique et les difficultés de communication<br />

La méconnaissance de la langue de l'<strong>au</strong>tre et les difficultés de<br />

communication qu'elle entraîne constituent, de l'aveu des Occident<strong>au</strong>x comme des<br />

Cambodgiens, l'une des sources de difficultés relationnelles les plus importantes à<br />

l'hôpital. Dans la décennie 1980, l'apprentissage d'une langue occidentale n'était pas<br />

<strong>au</strong>torisé et les langues les plus couramment apprises étaient alors le vietnamien et le<br />

russe. Au début des années 1990, un enseignement privé se met discrètement en<br />

place dans les arrière-cours mais il concerne surtout l'anglais dont la connaissance va<br />

être de plus en plus perçue comme l'outil de promotion sociale par excellence1. L'ensemble du personnel paramédical et médical entreprend alors son apprentissage.<br />

Le français demeure, depuis le Sangkum, la langue véhiculaire de l'apprentissage de<br />

la médecine – ou tout <strong>au</strong> moins du vocabulaire médical mais seuls les “docteurs” de<br />

l'“Ancien régime” sont vraiment francophones. Au moment des observations, les<br />

médecins assistants, et, surtout, les infirmiers sont donc uniquement khmérophones<br />

et communiquent difficilement avec leurs collègues étrangers qui eux-mêmes n'ont<br />

souvent pas appris la langue du pays.<br />

L'intervention de traducteurs peu expérimentés gomme les subtilités et<br />

ne rend pas compte des nuances et de l'humour contenus dans les messages verb<strong>au</strong>x,<br />

du fait d'une traduction trop littérale. Celle-ci peut également donner lieu à des<br />

quiproquos qui compliquent les prises de décision communes, comme en témoigne<br />

l'observation de cette réunion entre la responsable d'une O.N.G. étasunienne et le<br />

médecin dirigeant l'hôpital, à propos de trav<strong>au</strong>x à réaliser <strong>au</strong> sein de l'établissement :<br />

Nancy [la responsable de l'O.N.G.] annonce qu'elle n'est pas<br />

favorable à des toilettes avec chasses d'e<strong>au</strong>, à c<strong>au</strong>se des problèmes<br />

d'approvisionnement en e<strong>au</strong> de l'hôpital. 'Selon les normes, dit-elle, il f<strong>au</strong>drait<br />

trente-cinq toilettes dans l'hôpital. Mais ce n'est pas possible à construire en<br />

un jour. Que compte faire l'hôpital pour en construire ?' Le traducteur [khmeranglais]<br />

intervient en général <strong>au</strong> minimum. Dans le cas présent, il omet de<br />

traduire 'selon les standards', ce qui donne 'il f<strong>au</strong>t trente-cinq toilettes dans<br />

l'hôpital'. Et l'expression 'construire en un jour', traduite littéralement, a de<br />

quoi effrayer M. Sarin [le directeur de l'hôpital], déjà ennuyé par les<br />

demandes de Nancy qui vont accroître sa charge de travail. [...] D'<strong>au</strong>tres<br />

1 Bien que le français ait été l'une des langues officielles de l'A.P.R.O.N.U.C., l'anglais a été, dans la<br />

réalité, très largement utilisé et l'étendue de sa pratique a be<strong>au</strong>coup progressé pendant cette période.

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