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Les Médecins au Cambodge - Odris

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infirmiers travaillent be<strong>au</strong>coup mieux que les jeunes. Surtout <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la formation,<br />

<strong>au</strong>ssi. La conscience professionnelle, le devoir, le respect, etc.”<br />

Ces observations sont souvent partagées par les Occident<strong>au</strong>x qui<br />

interviennent dans les hôpit<strong>au</strong>x. Parfois, ils évoquent les connaissances et les<br />

compétences techniques seules, comme dans ce rapport, décrivant l'hôpital provincial<br />

d'une région périphérique : “<strong>Les</strong> médecins, médecins assistants et sages-femmes<br />

représentent une exception pour leur bon nive<strong>au</strong> de compétence et de motivation, qui<br />

nous ont impressionné. [...] Par contre, les infirmiers primaires ont grand besoin d'une<br />

bonne formation clinique complémentaire” 1. Parfois encore, il est be<strong>au</strong>coup moins<br />

question de savoirs que de bonne volonté, d'intérêt pour le travail, de “conscience<br />

professionnelle”, terme vague qui peut signifier, en fait, la volonté de coopération et<br />

même, l'acculturation occidentale, comme le montre l'observation suivante.<br />

Ming Heng 2”, par exemple, est infirmière-chef dans un hôpital<br />

provincial où elle a travaillé dès les années 1960. Elle assiste, comme toutes les<br />

<strong>au</strong>tres infirmières de l'hôpital, <strong>au</strong> cours que donne Marie-Noëlle, leur consœur<br />

française travaillant pour une O.N.G. Cette dernière a toutes les peines du monde<br />

à rassembler ses “élèves”, bien qu'elle estime que leur maîtrise des gestes<br />

infirmiers simples n'est pas suffisante. Durant la séance sur la pose des<br />

perfusions, à laquelle nous assistons, les “élèves” sont extrêmement passives – il<br />

f<strong>au</strong>t dire qu'il est quatorze heures trente, l'heure du repos. La chaleur n'est pas<br />

encore retombée et la salle ne dispose pas de ventilateur. Marie-Noëlle se donne<br />

be<strong>au</strong>coup de mal pour animer son cours, faire participer ses collègues en leur<br />

posant des questions de plus en plus simples. Mais elle ne recueille que le silence.<br />

C'est Ming Heng qui se dévoue, malgré ses cinquante ans – elle est l'aînée du<br />

groupe – et sa longue expérience professionnelle, pour jouer l'élève-infirmière<br />

débutante. Elle donne les bonnes réponses à toutes les questions, écoute les<br />

précisions de Marie-Noëlle et accepte, avec be<strong>au</strong>coup de bonne volonté, de se<br />

faire rectifier ses gestes lors de la démonstration pratique, pour laquelle elle se<br />

porte également volontaire. Dans cet hôpital, Marie-Noëlle se heurte, dit-elle, <strong>au</strong><br />

“manque de motivation” de ses collègues cambodgiennes qui n'écoutent ses<br />

conseils que “pour lui faire plaisir”. “Mais ça dépend des services, ajoute-t-elle.<br />

En chirurgie B, dirigé par Ming Leng, une ancienne formée à la française, qui a<br />

fait l'école de nursing, etc., ça marche bien. Ca tient à sa personnalité <strong>au</strong>ssi : elle<br />

mène ses filles énergiquement”.<br />

1 Rapport de la mission d'évaluation dans la province de Ratanakiri, rapport, Phnom Penh, Health<br />

Unlimited, mai 1990, non paginé.<br />

2 Ming est l'appellatif de parenté des tantes cadettes (sœurs cadettes du père d'Ego ou de la mère d'Ego). Il<br />

est usité, par extension, pour les femmes de la même génération que les tantes cadettes d'Ego.

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