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Les Médecins au Cambodge - Odris

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“vietnamisé” 1 cet établissement, <strong>au</strong>x termes d'“accords très peu francophiles” 2. A cette<br />

occasion se sont déjà opposés les partisans et les détracteurs d'une cession totale des<br />

propriétés médicales françaises, où la présence technique ne serait plus assurée que par<br />

des experts en mission brève.<br />

<strong>Les</strong> tensions se répercutent chez les expatriés <strong>au</strong> <strong>Cambodge</strong>, où elles<br />

trouvent à s'exprimer à travers des antagonismes de corps (médecins civils et militaires,<br />

enseignants et militaires), dont certains étaient déjà perceptibles sous le Protectorat,<br />

parfois ravivées par des conflits d'intérêts ou des rivalités plus personnels. Ce climat<br />

troublé n'est favorable ni à une activité hospitalière sereine, ni à l'image extérieure de<br />

l'hôpital Calmette. C'est dans ce contexte qu'est envisagée une “solution militaire”<br />

prévoyant l'envoi d'une équipe médicale “homogène”.<br />

<strong>Les</strong> <strong>au</strong>torités cambodgiennes observent la situation et en tirent matière à<br />

réorienter les négociations. Le pavé dans la mare est lancé par un article paru le 7 août<br />

1961 dans La Dépêche du <strong>Cambodge</strong>, journal dirigé par un homme de g<strong>au</strong>che, alors<br />

conseiller du prince3. Sous le titre “Une méthode d'un <strong>au</strong>tre temps”, il s'oppose à la<br />

venue de médecins militaires, en insistant sur le caractère unilatéral des décisions prises<br />

par le quai d'Orsay, <strong>au</strong> sujet d'une affaire qui implique la souveraineté du <strong>Cambodge</strong>.<br />

L'article met également en avant le fait que les sommes investies à Calmette sont<br />

distraites du budget de l'Aide Technique Française, entendant par là qu'elles sont<br />

censées faire l'objet d'un accord bi-partite. Il termine sur une mise en garde contre la<br />

possible récupération de l'affaire par le Parti Communiste cambodgien (le Pracheachun,<br />

alors balbutiant) “si une formation militaire étrangère parvenait à s'imposer sur [le]<br />

territoire [national]”.<br />

1 Néologisme emprunté <strong>au</strong> dossier Calmette, M.A.E., qui parle de “vietnamisation”.<br />

2 Selon les termes d'un médecin militaire français ayant exercé des responsabilités dans les deux<br />

établissements saigonnais et phnompenhois.<br />

3 Cette époque est celle d'une ouverture politique du Sangkum. Le prince Sihanouk appelle de jeunes<br />

intellectuels de g<strong>au</strong>che à former son “contre-gouvernement”, afin de contrebalancer une Assemblée<br />

Nationale très à droite. So Nem, l'<strong>au</strong>teur de l'article, est de ceux-là. De formation juridique, il sera<br />

ministre de la Santé Publique pour une brève période en 1967, avant d'être accusé, avec d'<strong>au</strong>tres (tels les<br />

futurs responsables khmers rouges Khieu Samphan, Hou Youn ou Hu Nim) d'avoir fomenté la révolte<br />

paysanne de Saml<strong>au</strong>t, en Battambang. Il prendra alors le maquis.

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