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Les Médecins au Cambodge - Odris

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fournitures diverses ; voilà de menus avantages qui prennent alors une importance<br />

considérable.<br />

D'<strong>au</strong>tres encore voient dans le statut accordé <strong>au</strong>x soignants la possibilité<br />

de regagner Phnom Penh dans l'espoir de retrouver leurs biens :<br />

“Vers la fin de janvier [1979], le vingt-huit, j'ai quitté Kompong Cham<br />

dans un camion vietnamien pour aller à Prek Toteung [voir carte IV, p. 268]. J'y<br />

ai passé une nuit puis je suis reparti pour Prek Phneuo. Je ne pensais pas<br />

vraiment à fuir [le pays] parce que je n'avais pas de moyens et je ne savais pas<br />

qu'il y avait des camps à la frontière. Ce que je voulais faire, c'est essayer de<br />

récupérer mes biens à la Banque Nationale [à Phnom Penh]. J'avais laissé là de<br />

l'or et des dollars <strong>au</strong> moment de l'évacuation. [La Banque Nationale a été détruite<br />

par les Khmers Rouges]. A Prek Phneuo, j'ai entendu le discours annonçant<br />

l'ouverture du ministère de la Santé. C'était début février. C'est un jeune étudiant<br />

de cinquième année de médecine, M.B.D., qui lançait l'appel : “on a besoin de<br />

médecins, de professionnels de santé”. [Mais la route pour Phnom Penh est<br />

fermée par des barrages de militaires].<br />

Mon seul but était de pouvoir rentrer à Phnom Penh pour récupérer mon<br />

argent. J'ai entendu parler d'un vieux médecin, le Docteur Yith Kim Seng, qui<br />

était peut-être déjà à Phnom Penh. C'était un vrai docteur. Il avait servi sous [les<br />

régimes précédents]. J'ai fait un petit mot pour lui. Yith Kim Seng a demandé <strong>au</strong><br />

ministre de l'Education Nationale d'aller me chercher à Prek Phneuo. On filtrait<br />

les entrées [en ville] par peur des pillages. Le ministre de l'Education Nationale<br />

m'a emmené à Phnom Penh et m'a déposé <strong>au</strong> ministère de la Santé, à l'ancien<br />

hôtel du Résident Supérieur [un vaste bâtiment colonial non loin de la colline dite<br />

du Vat Phnom]”.<br />

Retrouver son ancien logement et ses biens est, en général, illusoire.<br />

D'<strong>au</strong>tres ont visité les lieux ou se sont installés les premiers. Or, par souci d'apaisement,<br />

le nouve<strong>au</strong> gouvernement ne reconnaît pas les propriétés immobilières antérieures à<br />

1975 dont il est par ailleurs, en théorie, l'unique propriétaire1. Mais, lorsque la capitale<br />

se repeuple lentement de quelques milliers de fonctionnaires, ils s'installent eux-mêmes<br />

dans les logements encore vides, attribués à proximité de leur lieu de travail ou, parfois,<br />

de leur propre chef. Quelque dix ans après, on parle encore, à mots couverts ou sur le<br />

ton de la plaisanterie, de trésors restés enfouis ou d'opulences soudaines ; résultat,<br />

présume-t-on, d'heureuses découvertes <strong>au</strong> fond des jardins ou des arrière-cours.<br />

1 La Constitution de la République Populaire du Kampuchea stipule que “la propriété de l'Etat comprend<br />

la terre, les forêts, la mer” (article 14) mais se fait plus floue concernant l'habitation : “<strong>Les</strong> citoyens usent<br />

du droit de jouissance et du droit de succession sur la terre allouée par l'Etat sur laquelle ils construisent<br />

une maison, cultivent ou entretiennent des vergers” (article 15). Souligné par nous.

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