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Les Médecins au Cambodge - Odris

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La crise qui s'annonce est sérieuse sans être dépourvue d'une certaine<br />

théatralité1. Elle est surtout révélatrice des formes de la négociation, de la façon dont les<br />

<strong>au</strong>torités cambodgiennes expriment leurs divergences concernant Calmette, sans<br />

remettre fondamentalement en c<strong>au</strong>se la présence médicale de la France – ni, d'ailleurs,<br />

ses conseillers militaires, généralement bien accueillis. Une commission mixte est<br />

inst<strong>au</strong>rée pour étudier à nouve<strong>au</strong> le statut juridique de l'établissement. Malgré<br />

l'avertissement précédent, les conseillers français envoyés en mission d'évaluation<br />

craignent les “risques de la khmérisation” 2 de Calmette, à laquelle ils ne sont pas<br />

favorables à court terme. Il est intéressant de comprendre ce que peut signifier ainsi la<br />

“khmérisation” d'un hôpital français.<br />

d) <strong>Les</strong> “risques de la khmérisation” : l'idéologie de la compétence<br />

La préservation de la “qualité des soins”, de la “qualité médicale”, de la<br />

“qualité du personnel”, de la “valeur scientifique” de l'établissement sont les raisons qui<br />

reviennent le plus souvent, concernant la défense du contrôle français de Calmette. Ces<br />

arguments in fine sont censés posséder un pouvoir évocateur suffisamment fort pour se<br />

suffire à eux-mêmes car ils font partie, de fait, du discours historiquement construit de<br />

la profession médicale occidentale. Dans ce contexte, ils ont en réalité des contenus<br />

sémantiques de différents ordres.<br />

La réalité des rapports soci<strong>au</strong>x entre médecins français, médecins<br />

cambodgiens et malades en font partie. Dans cette relation triangulaire, les médecins et<br />

infirmiers cambodgiens ont la place la moins favorable : techniciens français peu<br />

désireux de travailler sous les ordres d'un confrère cambodgien ; emb<strong>au</strong>che d'infirmiers<br />

cambodgiens nuisible <strong>au</strong> “standing” de l'établissement ; patients cambodgiens – qui<br />

1 <strong>Les</strong> circonstances réelles du déclenchement de la polémique restent obscures. Selon un médecin<br />

militaire français, le prince <strong>au</strong>rait ensuite publiquement désavoué les <strong>au</strong>teurs de l'article, qui <strong>au</strong>raient agi<br />

pour leur propre compte. Dans le même sens, d'<strong>au</strong>tres sources ajoutent que les <strong>au</strong>torités cambodgiennes<br />

ont dû réagir, par peur de voir le prince accusé par la g<strong>au</strong>che de se soumettre <strong>au</strong>x Français. Pour d'<strong>au</strong>tres<br />

cependant, il est peu probable, dans le contexte politique de l'époque, qu'un tel article ait pu être écrit de<br />

façon totalement indépendante.<br />

2 Cette expression, employée dans un rapport, s'applique <strong>au</strong> “risque de la khmérisation” de l'enseignement<br />

médical. Nous la reprenons pour deux raisons concernant l'hôpital Calmette. La première est que la<br />

question de la formation est directement liée à celle du statut de l'hôpital (censé devenir un centre<br />

hospitalo-universitaire). La seconde est que, frappée de cette expression, nous avons relu l'ensemble du<br />

dossier à travers la nouvelle grille des “risques” encourus par les protagonistes français.

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