volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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663 SERMONS. 664<br />
auiourd'huy révélé en l'Evangile. Or il est vray<br />
qu'il y a benediction commune. Car Bénir, en<br />
l'Escriture saincte se prend souventesfois pour prier :<br />
comme nous verrons cy après, qu'un, homme vulgaire<br />
bénit un autre en disant, Dieu te bénie:<br />
comme quand nous saluons les uns les autres, ce<br />
sont benedictions, c'est le stile commun de l'Escriture<br />
sainte. Mais il y a une benediction singulière,<br />
qui est réservée aux Sacrificateurs. Et voila pourquoy<br />
souvent il est dit en laLoy, Les Sacrificateurs<br />
qui bénissent le peuple au nom de Dieu, c'est à<br />
dire qui ont ceste authorité-la. Et mesme là forme<br />
nous en a esté donnée au 6. chapitre [pag. 58] des<br />
Nombres, quand il est dit: Yoila comme les Sacrificateurs<br />
béniront mon peuple, Le Seigneur vous<br />
bénisse et conserve, le Seigneur face luire sa face<br />
sur vous: et puis, Le Seigneur vous soit favorable,<br />
et vous donne paix. Yoila un formulaire que Dieu<br />
a mis en son Eglise. Et c'est pourquoy aussi il<br />
est dit, quand Ieaus Christ est monté au ciel, qu'il<br />
a eslevé les mains sur ses Âpostres comme les<br />
Sacrificateurs faisoyent: afin d'accomplir les figures<br />
de la Loy, en bénissant ses disciples. C'est donc<br />
la benediction dont il est ici parlé. Et voila pourquoy<br />
l'Âpostre n'argue point sans cause, qu'il a fallu<br />
que Melohisödec en ceste qualité fust plus excellent<br />
qu'Abram, puis qu'il l'a bénit. Or Abram est le<br />
Père de toute l'Eglise. Concluons donc que nostre<br />
Seigneur Iesus Christ a une maiesté plus qu'humaine,<br />
et mesmes en la personne du Mediateur. Il<br />
faut encores que toute hautesse s'abaisse souz luy,<br />
et que chacun y regarde, que grans et petis cognoissent<br />
que l'Empire souverain luy est donné de Dieu<br />
son Père, voire en ceste nature humaine, et que<br />
devant luy il faut que tout genouil se ployé* Car<br />
voila comme ce passage de sainct Paul au 2. des<br />
Philip, doit estre entendu. Et c'est ce que nous<br />
avons à retenir. Maintenant il reste d'appliquer ce<br />
passage à nostre utilité, c'est que nous ne doutions<br />
point comme nostre père [pag. 59] Abram a esté<br />
bénit en figure par Melchisedec, qu'auiourd'huy<br />
nostre Seigneur Iesus Christ, qui est le Sacrificateur<br />
éternel, nous bénit au nom de Dieu son Père.<br />
Car ceste prière ici n'est pas vaine, il faut qu'elle<br />
ait son effect, nous savons qu'il ne peut faillir<br />
d'estre exaucé. Concluons donc qu'en mettant nostre<br />
fiance en Iesus Christ, nous l'avons pour advocat<br />
envers Dieu son Père: si nous sommes maudis en<br />
Adam,, et que nous acquérions encores iournellement<br />
malediction nouvelle par nos fautes et transgressions,<br />
toutesföis que cela sera effacé et reparé, par ce que<br />
nostre Seigneur Iesus Christ daigne bien prendre<br />
l'office de nous bénir. Et mesme nous voyons la<br />
prière qu'il a faicte pour un coup, au 17. chapitre<br />
•de sainct Iehan. Père Sainct ie te prie non seulement<br />
pour ceux-ci (c'est à dire les unze Apostres<br />
et les disciples, lesquels il avoit desia receus à soy)<br />
mais k prie pour tous ceux, dit-il, qui croiront par<br />
leur parole en mon nom: afin qu'ils demourent un<br />
en moy, et comme ie demoure en toy, que nous<br />
soyons tous un. Tellement que nostre Seigneur,<br />
Iesus Christ a une fois prononcé ces paroles de sa<br />
bouche: c'est qu'il prie non pas pour ses disciples<br />
seulement, qui estoyent desia de son troupeau, mais<br />
pour tous ceux qui croyent en luy par leur parole.<br />
Apprenons donc quand nous embrasserons [pag. 60]<br />
la doctrine de l'Evangile avec une vraye obéissance,<br />
que nous serons persuadez que le Fils de Dieu<br />
nous est donné pour nostre souverain bien et unique.<br />
Voila comme sa prière aura tousiours vigueur: car<br />
il n'est pas besoin qu'il la recommence et soir et<br />
matin et chacun iour. Il suffit qu'il l'ait scellée<br />
par son sang, et par ce sacrifice unique et éternel<br />
qu'il a une fois fait. Car nous. sommes asseurez<br />
que nos prières seront exaucées, quand nous prierons<br />
Dieu au nom de nostre Sauveur. Nos prières ne<br />
seroyent qu'infection, et seroyent mesme pour in-,<br />
fecter l'air, s'il estoit question de regarder à Dieu,<br />
pour regarder puis après quels nous sommes: mais<br />
nos prières sont bénites par la benediction sacerdotale<br />
de nostre Seigneur Iesus Christ, auquel il<br />
nous faut regarder pour estre participans de tous<br />
ses biens. Yoila en somme comme il nous faut<br />
appliquer à nostre profit et à l'édification de nostre<br />
foy, ce passage de Moyse, où il est dit qu'Abram<br />
père des fidèles a esté bénit. En cela nous voyons<br />
qu'Abram estoit maudit en soy, puis qu'il emprunte<br />
benediction sacerdotale. Et Melchisedec aussi.cognoit<br />
qu'il n'y a en nous que toute povreté, et qu'il<br />
faut que Dieu nous bénisse, et que nous embrassions<br />
cela avec toute humilité, si nous voulons iouir du<br />
bien qui nous est apporté par nostre Seigneur Iesus<br />
Christ [pag. 61], et qu'il nous offre iournellement<br />
par la predication de l'Evangile. Or là dessus<br />
Moyse recite la benediction de Melchisedec. (Bénit<br />
soit Abram [dit-il] devant le Dieu treshaut, qui<br />
possède le ciel et la terre: et bénit soit le Dieu<br />
souverain qui a livré tes ennemis en ta main). Il<br />
bénit Abram au nom de Dieu comme desia nous<br />
avons allégué de la Loy. H ne faut point entendre<br />
quand les Sacrificateurs ont office de bénir, que ce<br />
soit de leur propre authorité, et que Dieu leur ait<br />
resigné son office, et que sa louange en soit amoindrie<br />
d'autant. Quand Dieu besöngne par ses Ministres,<br />
ce n'est pas qu'il soit diminué de son costé, ne<br />
qu'il faille que sa vertu soit obscurcie: il ne s'oste<br />
rien de ce qu'il donne. Mais il luy plait d'user de<br />
tels moyeus à ceste condition, que tousiours on<br />
revienne à luy, et qu'on ne puise une seule goutte de<br />
bien d'autre fontaine que de ceste source-Ja. Yoila<br />
pourquoy notamment il est dit, Bénit soit Abram<br />
au Dieu souverain: comme, si Melchisedec disoit,