volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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689 SERMONS. 690<br />
que nous soyons Justifiez par foy, si est-ce qu'ils<br />
ne peuvent recevoir ny accepter que ce soit du<br />
tout. Et la raison? C'est qu'ils n'entendent point<br />
ce mot de Foy, ou ce mot de Croire. Et pour le<br />
bien entendre il nous faut mettre une conionction<br />
entre la Foy et la Promesse. Car on pourra bien<br />
chanter à une voix: mais nous n'aurons point une<br />
mélodie parfaite, sinon qu'il y ait plusieurs voix<br />
et bonne correspondance. Ainsi est-il de la foy:<br />
car si la parole de Dieu ne precede, et que la foy<br />
^ne s'accorde avec icelle, il n'y aura nulle mélodie.<br />
"Ce sont deux choses inseparables que la Parole de<br />
Dieu et la Foy. Ainsi on parleroit tant et plus<br />
de Croire, et cependant tout cela seroit comme le<br />
haut Allemand (comme on dit) ce seroit un mot<br />
barbare, comme il est entre les Papistes, iusques<br />
à ce que nous ayons ce point-la qu'il faut que<br />
Dieu parle, et que nous ayons les aureilles <strong>ouverte</strong>s<br />
et ententives pour [pag. 110] obéir et acquiescer<br />
à son dire. Qu'est-ce donc de Croire? C'est<br />
de recevoir ce qui nous est proposé de la bouche<br />
de Dieu, avec telle reverence, que nous soyons là<br />
retenus, et que toute doute soit excluse de nous.<br />
Or maintenant il faut encores venir plus outre :<br />
car Dieu parlera tellement quelque fois, qu'il ne<br />
nous profitera gueres de l'escouter. Nous avons<br />
veu cy dessus, quand il a parlé à Cain, et luy a<br />
demandé où estoit son frère Abel, que Cain a bien<br />
senti maugré ses dens qu'il falloit respondre devant<br />
son iuge, neantmoins si n'a-il pas laissé de<br />
gronder et de se despiter, disant: Qui est-ce qui<br />
m'a fait gardien de mon frère? Adam mesmes<br />
a bien ouy ceste voix: Où es-tu? mais il a esté<br />
saisi d'espouvantement et d'effroy, il s'est caché,<br />
et eust voulu trouver quelque abysme pour fuir<br />
la presence de Dieu. Il ne suffira pas donc que<br />
nous recevions la parole qui nous est. donnée de<br />
Dieu en telle authorité qu'elle , mérite: mais il<br />
faut que ceste parole soit qualifiée, o'est à dire,<br />
il faut que ce soit une certaine parole pour nous<br />
faire approcher de Dieu, et pour nous faire participans<br />
de sa bonté: que nous ne doutions point<br />
qu'il nous sera Père et Sauveur, et que là dessus<br />
nous ayons la hardiesse de le reclamer, et nous<br />
tenir pour ses enfans, et avoir nostre refuge à luy.<br />
Ainsi donc nous voyons comme Abram a creu:<br />
ce n'est pas qu'il ait conceu une [pag. 111] opinion<br />
fantastique en sa teste: car la foy vient de l'ouye<br />
(dit sainct Paul) et l'ouye, de la parole de Dieu.<br />
Abram donc a ouy et a esté enseigné devant que<br />
croire. Et puis ce n'a pas esté d'un homme mortel<br />
ou de quelque creature: mais il a cognu que c'estoit<br />
Dieu qui l'avoit appelle pour estre de ses enfans.<br />
Or cela ne suffiroit point, comme nous avons<br />
dit, mais Abram a ouy ces mots: le suis ton loyer<br />
tresampU, ie suis ton bouclier, ie suis ta deffense:<br />
Cafomi opera. Vol. XXIII.<br />
\<br />
ne crain point, car ie suis le Dieu tout puissant,<br />
qui t'ay tiré hors de Chaldêe, et de Hur des Caldeens,<br />
et comme nous verrons cy après, et comme desia<br />
il a esté traité en partie au chap. 12. Abram<br />
donc n'a point creu à Dieu pour ouir je ne sçay<br />
quoy qui ne luy appartint de rien, ou pour ouir<br />
quelque sentence particulière: mais il a creu à<br />
Dieu quand il a creu qu'il estoit retenu et réservé<br />
pour estre héritier du Royaume des cieux. Voila<br />
sa croyance. Pour mieux comprendre le tout,<br />
notons qu'il y a une foy particulière, et qu'il y a<br />
une foy qui comprend tout ce qui est requis à<br />
nostre salut. Quand maintenant Dieu nous menacèrent,<br />
ceux mesmes qui sont hypocrites et 'contempteurs<br />
de sa parole, pourroyent estre esmeuz<br />
et touchez en leurs courages. Ceste foy-la est particulière.<br />
Combien en voyons-nous, quand on leur<br />
propose [pag. 112] le iugement de Dieu, qui sont<br />
esbahis, et qui ont vu un cautère qui les brusle<br />
là dedans, et regardent de tous costez ce qui leur<br />
pourra advenir: et pourquoy? En despit qu'ils en<br />
ayent, il faut qu'ils cognoissent et qu'ils appréhendent<br />
qu'ils ne peuvent eschapper de la main du luge<br />
celeste. Ceux-là donc ont bien quelque espèce de<br />
foy, mais ce n'est qu'en partie: c'est une piece qui<br />
ne leur peut de rien servir: comme il y en a d'aucuns<br />
qui s'asseyent sur une promesse particulière<br />
quand ils se verront en danger: si on vient à les<br />
consoler en lour disant, que Dieu leur sera pitoyable,<br />
encores pourront-ils savourer ceste parole-la,<br />
mais ce n'est que pour une seule attente. Voila<br />
un homme qui sera en maladie extreme, ou rédigé<br />
en povreté: et bien, il se pourra presenter devant<br />
Dieu. Un autre se trouvera en extrémité si grande<br />
qu'il sera confus, et toutesfois il ne laissera pas<br />
encores de respirer aucunement, sachant que Dieu<br />
le> secourra. Or toutes ces façons de croire sont<br />
particulières, et ne peuvent suffire à nostre salut,<br />
et par consequent ne nous peuvent iustifier: mais<br />
quand nous serons arrestez à l'adoption, où gist<br />
tout nostre bien, c'est que nous espérons que Dieu<br />
nous sera Père iusques à la fin : comme il a promis,<br />
qu'estans ses enfans nous ne pourrons périr: que<br />
nous le pouvons invoquer comme nostre Dieu pour<br />
nostre salut [pag. 113] infaillible. Quand donc nous<br />
aurons ceste promesseJà, par laquelle Dieu nous<br />
conioinct à soy et s'allie avec nous tellement que<br />
nous ne doutons point, que iamais il nous mette en<br />
oubli: voila une foy qui comprend toutes les promesses.<br />
Car (comme dit sainct Paul) la crainte de<br />
Dieu qui procède de foy, a les promesses non seulement<br />
de la vie à venir, mais aussi de la vie<br />
présente. Car nous pouvons conclure que tout ira<br />
bien pour nous, moyennant que Dieu nous reçoyve<br />
en sa grace et qu'il nous accepte. Voila donc en<br />
somme ce que nous avons maintenant à retenir,<br />
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