volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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731 SERMONS. 732<br />
mot: mais il a pris ceste vanterie frivole qui estoit<br />
en la bouche de ces gaudisseurs qui vouloyent estre<br />
tenus pour bons Chrestiens, et dit, vostre foy, c'est<br />
à dire, celle que vous avez en la bouche, n'est rien.<br />
Comme quand nous dirions auiourd'huy l'Eglise<br />
catholique de laquelle les Papistes se vantent qu'est-ce?<br />
C'est une paillarde. Car nous savons que la vraye<br />
Eglise est l'espouse de nostre Seigneur Ie'sus Christ,<br />
qui doit estre purgée et lavée de son sang pour<br />
estre sans macule et sans ride, comme dit S. Paul,<br />
après qu'elle doit estre la colomne de vérité: et au<br />
lieu de tout cela, voila une caverne de brigands,<br />
voila une paillarde qui a corrompu tout le service<br />
de Dieu, et .laquelle n'engendre que des bastards :<br />
nous, parlerons ainsi. Yoila donc l'estile de S. Iaq.<br />
que nous ne devons point trouver estrange, veu<br />
que ce nous est un langage commun. Or donc<br />
voila en premier lieu quand il est dit que la foy<br />
nous iustifie, nous ne parlons de la foy sinon en la<br />
façon accostumee. Mais [pag. 198] quand sainct<br />
laques dit que la foy sans oeuvres est morte, c'est<br />
pour rembarrer ceux qui abusoyent de ce nom et<br />
qui avoyent beau se vanter et se glorifier: mais<br />
que ce n'estoit que mensonge. Or venons à la seconde<br />
partie, quand S. laques dit que nous sommes<br />
iustifiez par nos oeuvres: il semble encores que là<br />
il répugne à S. Paul. Car il ne faut point que les<br />
oeuvres se conioignent avec la foy, pour faire un<br />
partage, comme nous avons dit: autrement nous<br />
n'aurons nul repos si cela estoit. Il faut que toute<br />
consideration de nos oeuvres soit exclue pour invoquer<br />
Dieu en vraye confiance, pour nous tenir<br />
ses enfans, et pour espérer l'héritage de la vie celeste<br />
qui nous est promis, il faut que les oeuvres<br />
cessent. Car si elles iustifient que sera-ce? Or ce<br />
mot de iustifier ne se prend pas en S. Iaq. pour<br />
estre approuvez devant Dieu, pour nous reconcilier<br />
avec'luy, et pour faire qu'il nous reçoyve comme<br />
ses enfans. Et comment donc? Comme luy mesme<br />
le declaire sans autre exposition. Car il adiouste<br />
qu'Abram a esté iustifie, quand il a immolé son<br />
Fils Isaac. Or nous n'avons pas encores leu qu'il<br />
l'ait immolé, c'est à dire, qu'il ait voulu faire sacrifice<br />
à Dieu de son fils: et comment donc? ceste<br />
obéissance, de laquelle il sera parlé ci après, a esté<br />
la iustice • d'Abram, s'il estoit question d'approuver<br />
ce qu'il a fait alors, veu [pag. 199] qu'il n'estoit pas<br />
encores fait? Ainsi donc, il faut bien conclure que<br />
sainct laques ne traite pas là comme nous sommes<br />
agréables à Dieu: mais comme nous sommes ordonnez<br />
iustes. Car si ie dis que le Fils a engendré<br />
le Père quelle sotise seroit-ce? Or nous savons que<br />
la foy est mere de Iustice, c'est à dire, que c'est le<br />
moyen et l'instrument par lequel nous sommes reconciliez<br />
à Dieu, et sommes avouez pour ses enfans.<br />
Il faut donc que la foy precede la iustice: car elle<br />
est la cause moyenne, la cause qu'on appelle instrumentale<br />
ou formelle. Venons à l'obéissance<br />
d'Abram, quand il est prest de sacrifier son -fils, si<br />
cela est cause de la iustice d'Abram il faut qu'il<br />
ait esté precedent. Car de dire que le blé qui<br />
croistra d'ici à un an me nourrice auiourd'huy et<br />
tout le long de l'année, quelle sottise seroit-ce? H<br />
n'y a si petit enfant qui ne le voye. Or voila un<br />
long temps qui s'escoule devant que Dieu ait commandé<br />
à Abram, qu'il sacrifiât son Fils, et si estoit-il<br />
iustifie desia au paravant. Nous voyons donc en<br />
somme qu'il ne faut point cercher de glose hors le<br />
texte de sainct laques. Mais il parle d'estre iustifie,<br />
c'est à dire, d'estre declaire iuste. Car ces<br />
gaudisseurs contre lesquels il combat, disoyent, Nous<br />
sommes iustifiez par foy. Qu'avons-nous donc que<br />
faire de nous employer au service de Dieu [pag. 200],<br />
et d'estre en grand souci, veu que nos oeuvres ne<br />
valent rien, et elles ne viendront point aussi bien<br />
en conte pour l'advenir? Or premièrement ils pervertissent<br />
tout en disant que les oeuvres ne vienent<br />
point en conte: car elles y viendront avec la grace<br />
de Dieu. Mais quand ils disent avec moquerie, que<br />
de s'adonner à bonnes oeuvres cela ne sert de rien,<br />
c'est autant comme s'ils deschiroyent Iesus Christ<br />
par pieces. Car nous le recevons par foy, nous<br />
sommes unis à luy à telle condition qu'il nous reconcilie<br />
à Dieu son Père et qu'il abolisse nos fautes,<br />
et quil nous régénère et nous gouverne par<br />
son S. Esprit. Ces choses-la sont inseparables,<br />
comme nous avons allégué de S. Paul. Puis qu'ainsi<br />
est donc S. laques à bon droit a dit, comment serezvous<br />
iustes sans les oeuvres? Car la foy, dit-il,<br />
sans les oeuvres est morte. Et puis après vous ne<br />
pouvez nullement estre iustifiez d'une autre façon<br />
que vostre Père Abram, si vous estes fidèles. Or<br />
Abram a esté iustifie tellement que les bonnes oeuvres<br />
ont esté coniointes avec la foy. H faut donc<br />
que vous monstrez le semblable ou vous estes des<br />
moqueurs de Dieu, qui prophanez une chose si<br />
saincte, et si sacrée comme est le nom de foy et<br />
de iustice. Voila donc ce que sainct laques en ce<br />
passage a entendu: mais ces canailles des Papistes ne<br />
goustent [pag. 201] rien de tout cela. Et pourquoy?<br />
Ce sont contempteurs de Dieu: ils parleront des<br />
bonnes oeuvres à pleine bouche, il semble à les en<br />
ouyr deviser, que ce soyent des Anges: et on voit<br />
quels ils sont. Et pleut à Dieu qu'ils ne fussent<br />
pas si desbordez en toute leur vie. Mais trouvera-on<br />
ne moine ne docteur qui ne soyent des putiers, des<br />
moqueurs de Dieu, gens dissolus, yvrongnes, blasphémateurs,<br />
brief, il semble qu'ils ayent • conspiré<br />
avec le diable de mettre tout le monde en confusion.<br />
Et cependant ils prétendront leurs bonnes<br />
oeuvres: et ne parleront d'autre chose. Et ainsi il<br />
ne se faut point esbahir s'ils sont si aveuglez. Mais