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volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE

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771 SERMONS. 772<br />

tagne, et arrengea le lois, et lia Isaac son fils, et le<br />

mit sur le bois qui estoit sur l'autel. Et Abraham<br />

levant sa main print le glaive pour tuer son fils.<br />

L'Ange du Seigneur cria à luy du ciel, disant, Abraham,<br />

Abraham. U respondit: Me voici. Et l'Ange<br />

dit : Niesten point ta main sur l'enfant, .et ne luy fais<br />

rien : car i'ay cognu que tu crains Dieu, d'autant que<br />

tu n'as point espargné ton fils, ton unique à cause de<br />

moy. Abraham levant les yeux regarda, et voici un<br />

mouton qui estoit entortillé par les cornes. Abraham<br />

donc alla, et prit le [pag. 280] mouton, et l'immola en<br />

holocauste au lieu de son fils. Et Abraham nomma<br />

le nom du lieu: Le Seigneur verra, selon aussi qu'il<br />

est dit auiourd'huy: Le Seigneur a esté veu en la<br />

montagne.<br />

Nous commençasmes hier à declarer que non<br />

seulement Abraham a donné signe de son obéissance<br />

qu'il vouloit rendre à Dieu, quand il a esté<br />

prest de tuer son fils: mais qu'Isaac s'accorde à<br />

cela. Car il est certain qu'il neust point souffert<br />

d'estre lié, quand il eust voulu résister. Il n'estoit<br />

pas un petit enfant de sept ans, il a voit desia<br />

force et vigueur. Son père donc ne l'eust pas lié<br />

par force, sinon qu'il y eust consenti. Et en cela<br />

nous voyons comme il a voulu ostre sacrifié. Mais<br />

si est-ce qu'il n'a pas esté lié, qu'Abraham ne<br />

cognust qu'il n'y advint en l'acte quelque chose<br />

pour faire que le sacrifice eust esté rendu vain.<br />

Voila donc d'un costé Isaac qui est lié, à fin que<br />

Dieu soit obéi : et cependant si est-ce qu'il se renge<br />

de son bon gré. Là dessus nous avons à noter<br />

ce qui fut hier touché, c'est assavoir qu'il [pag. 281]<br />

nous faut captiver nos affections pour nous dédier<br />

à Dieu, et sur tout quand il est question de renoncer<br />

à nous-mesmes, et à, nostre vie propre : suivant<br />

ce qui fut allégué de sainct Pierre. Car quand<br />

nostre Seigneur Iesus Christ luy disoit qu'il seroit<br />

mené où il ne voudroit point, ce n'est pas qu'il<br />

n'ait accepté la mort patiemment, et mesmes qu'il<br />

n'y soit allé d'une affection franche, et qu'il n'ait<br />

préféré de mourir pour le tesmoignage de l'Evangile<br />

à toutes les vies du monde : mais c'est pource<br />

qu'il n'estoit pas insensible, et qu'il y pouvoit avoir<br />

selon la chair et selon son sens' naturel quelque<br />

repugnance. Ainsi donc en premier lieu nous sommes<br />

advertis de mortifier nos affections, à fin que<br />

Dieu domine sur nous, et que rien ne nous empesche<br />

que nous ne vivions et mourions à luy:<br />

quand il luy plaira de nous retirer de ce monde,<br />

que nous soyons tout prests de marcher: il faut,<br />

di-ie, que cela se face avec combat. Car iamais<br />

nous n'appeterons de partir ni desloger d'ici (comme<br />

aussi sainct Paul en parle). Mais quand nous<br />

aurons cognu que la gloire de Dieu est plus précieuse<br />

beaucoup que nostre vie: et d'autre costé<br />

que si ceste loge est abattue, qui n'est sinon que<br />

de fueilles et matière caduque, que nous avons un<br />

edifice au ciel qui est beaucoup meilleur: voila qui<br />

nous fera [pag. 282] prendre la mort en gré, et<br />

mesmes que nous venions devant Dieu la teste<br />

levée, cognoissant que nous sortons comme d'une<br />

prison: car ceste maudite captivité laquelle chacun<br />

doit sentir en soy, iamais ne cessera iusques à<br />

tant que Dieu nous ait despouillez de ceste chair<br />

corruptible. Voila donc comme il nous faut ré­<br />

sister à nos affections humaines, à fin de nous<br />

laisser gouverner à Dieu, tellement qu'il soit Seigneur<br />

et maistre de nostre vie. Or comme nous<br />

avons à faire tels efforts, aussi d'autre costé ne<br />

perdons point courage, combien qu'il y ait quelque<br />

infirmité en nous, qui nous retiene. Et quand il<br />

sera question de la mort, que nous serons effrayez,<br />

que nous voudrions bien fléchir, ou reculer s'il<br />

nous estoit possible: quand donc nous sentirons de<br />

tels combats, ne pensons pas que Dieu n'accepte<br />

nostre service, moyennant que nous mottions peine<br />

à domter ce qui est de nostre chair: et que nous<br />

facion8 tousiours ceste conclusion, combien que<br />

nous soyons esbranlez de costé et d'autre, que nous<br />

revenions tousiours là, Dieu m'a donné la vie: il<br />

faut que ie la resigne entre ses mains: et puis il<br />

veut que ie m'employe vivant et mourant à son service:<br />

et si son nom est glorifié par ma mort,<br />

qu'ainsi soit, et que iß passe par là. Si donc nous<br />

pouvons gagner cela sur [pag. 283] nous, Dieu acceptera<br />

le service que nous luy faisons comme valable,<br />

encores qu'il nous falle ahanner et suer (par<br />

manière de dire) d'autant qu'en nostre nature il y<br />

aura tousiours quelque rebellion. Or là dessus il<br />

est dit que l'Ange s'est escrié du ciel à Abraham,<br />

et luy a deffendu d'attoucher à l'enfant. Et<br />

pourquoy? I'ay cognu, dit-il, que tu m'aimes,<br />

d'autant que tu n'as point espargné ton fils<br />

unique à cause de moy. Ici Dieu declaire quand<br />

il a commandé à Abraham de tuer son fils,<br />

que ce n'a pas esté qu'il fust repugnant à<br />

soy-me8me, veu qu'il luy avoit donné Isaac: qu'il<br />

ne vouloit paB que sa promesse perist et fust abolie,<br />

mais seulement qu'il a voulu esprouver sa foy.<br />

Voici donc, le premier poinct que nous avons à<br />

retenir, c'est que Dieu monstre ici son intention,<br />

et à quelle fin il a voulu qu'Isaac luy fust offert<br />

en sacrifice. Ce n'est pas que de faict il l'appellast<br />

à la mort, mais il vouloit examiner la constance<br />

d'Abraham : comme nous avons veu aussi au premier<br />

verset de ce chapitre. Que Dieu a tenté Abraham<br />

plus que iamais. Or ce point-ci nous est bien utile,<br />

car c'estoit pour troubler et Abraham, et tout le<br />

monde: de dire que Dieu se fust ainsi contrarié,<br />

comme l'apparence y estoit. Et de fait, il a bien<br />

fallu (comme nous avons monstre) qu'Abraham prist

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