volumen xxiii. - Archive ouverte UNIGE
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687 SERMONS. 688<br />
que le tout est tellement dirigé, que nous sommes<br />
contrains de nous en esmerveiller. Puis qu'ainsi<br />
est donc, ce.n'est point sans cause que ce miroer<br />
est mis devant les yeux d'Abram: car en cela il<br />
peut conclure: Si Dieu en un moment a rempli<br />
tout le ciel d'estoiles, où au par avant il en estoit<br />
vuide: ne pourra-il par aussi remplir non seulement<br />
ma maison, mais tout un pais, voire et<br />
plusieurs, quand il me voudra donner lignée? Car<br />
sa vertu n'est point amoindrie: il n'a pas esté une<br />
fois seulement créateur du monde, mais après<br />
l'avoir créé il ne laisse pas encores tous les iours<br />
dele conserver miraculeusement. Ainsi donc Abram<br />
a eu comme une certaine marque, et comme un<br />
gage qui lui estoit donné. Et en cela voyons-nous<br />
que Dieu a cognu quelque infirmité en luy: non<br />
qu'il se défie de ce que Dieu avoit prononce, mais<br />
pource que luy estant homme, ne pouvoit pas tellement<br />
se modérer, qu'encores il ne demandast comment<br />
il seroit possible qu'en sa semence toutes les<br />
nations de la terre seroyent bénites, entant [pag. 106]<br />
donc qu'il y a eu quelque infirmité ïneslée parmi<br />
là foy, ainsi qu'hier il en fut traitté: voila pourquoy<br />
Dieu luy adiouste ceste aide. Et ainsi nous<br />
avons à noter "en ce passage, comme en tous<br />
autres, que Dieu nous supporte en nostre fragilité.<br />
Non pas qu'il nous faille flater de nostre part: car<br />
nous avons à batailler contre toutes nos passions,<br />
contre nos pensées et affections mauvaises, pour<br />
donner lieu à la vérité de Dieu, et pour la tenir<br />
certaine et infaillible: mais quoy que nous facions,<br />
que nous ne laissons pas d'estre debiles en quelque<br />
sorte : et si ne cognoissons nostre vice, si est-ce<br />
que Dieu le cognoist. Que seroit-ce donc, sinon<br />
que nous fussions espargnez par sa bonté infinie?<br />
Voila donc ce que nous avons à considérer sur<br />
ce passage, quand il est dit que nostre père<br />
Abram a esté conformé en la parole de Dieu et<br />
en sa promesse, comme nous expérimenterions<br />
tous les iours le semblable en nous, sinon que<br />
nous fussions aveuglez de nostre malice: car nous<br />
ne regardons pas de si près ne si diligemment<br />
aux oeuvres de Dieu comme nous devrions. Mais<br />
si nous savions faire nostre profit de tous les<br />
moyens que Dieu nous présente, afin de nous<br />
asseurer de se promesses: nous verrions que s'il<br />
a espargné son serviteur Abram, comme il cognoist<br />
que nous sommes cent fois plus fragiles, qu'aussi<br />
il n'oublie rien de son costé [pag. 107] qui puisse<br />
servir à la confirmation de nostre foy. Or là<br />
dessus Moyse adiouste (Qu'Abram à creu à Dieu, et<br />
qu'il luy a réputé ceci à justice). Voici un passage<br />
qui est assez simple, et de prime face on ne s'y<br />
arrèsteroit pas beaucoup, comme aussi les Iuifs<br />
sont tant aveuglez et stupides qu'ils ne savent pas<br />
que ceci veut dire. Et entre les Chrestiens à peine<br />
en trouvera-on de cent l'un, qui gouste seulement<br />
le contenu de ces mots. Car si ces trois mots ou<br />
quatre estoyent bien entendus (Qu'Abram à creu, et<br />
qu'il luy a esté réputé à justice), il est certain que<br />
toute la Papauté seroit abolie: toutes les superstitions<br />
qui ont auiourd'huy la vogue, cesseroyent:<br />
tous les debatz que nous avons à discuter, seroyent<br />
appaisez. Car voici la clef qui est pour donner<br />
ouverture à tout ce qui est requis pour nostre<br />
salut: voici lé moyen d'appointer toutes opinions<br />
diverses: voici le fondement de la vraye Religion :<br />
brief, voici les cieux qui nous sont ouvers, quand<br />
nous aurons comprins ce qui est ici prononcé en<br />
brief par Moyse. Et d'autant plus devons-nous<br />
détester ces canailles qui sont si effrontez d'oscuroir<br />
une clarté si grande: comme ceux qui disent<br />
qu'Abram a esté réputé preud'homme, et que c'a<br />
esté une vertu à luy de croire à Dieu: ces chiensla<br />
nous doivent bien estre abominables. Car voila<br />
les blasphemes les plus enormes que Satan [pag. 108]<br />
puisse desgorger. Or quant est des Iuifs, on ne<br />
s'en doit pas encores esbahir, ils n'ont point d'expositeur.<br />
Il est vray que la clarté de Dieu reluit<br />
assez en la face de Moyse, mais ils ont le voile au<br />
devant, comme dit sainct Paul: ils passent donc<br />
sur ces mots sans penser ce qu'ils emportent. Mais<br />
ceux qui font profession d'estre Chrestiens, et qui<br />
ont l'authorité de- sainct Paul, pour monstrer que<br />
ceci veut dire, quand ceux-là despitent encores<br />
manifestement Dieu, et qu'ils combatent comme des<br />
chiens mastins avec une telle impudence qu'on voit<br />
en eux: quelle raison y a-il? le ne parle point des<br />
Papistes, mais il y a de ces espris diaboliques, qui<br />
se diront Chrestiens, et qui mesmes en feront profession<br />
à pleine bouche, qui cependant ne laisseront<br />
pas d'estre pires beaucoup que les Papistes. Car<br />
encores en toute la Papauté si en est-on là venu,<br />
que les hommes selon qu'ils sont damnez devant<br />
Dieu et maudicts, ne peuvent obtenir salut que par<br />
le moyen de la foy. Les Papistes confesseront<br />
cela: et ces canailles abolissent et raclent tout,<br />
comme s'il n'estoit ici rien dit, sinon que voila<br />
Abram qui est preud'homme, et c'a esté une vertu<br />
à luy quand il a creu à Dieu. Cependant voila<br />
des vilains qui voudront estre renommez, et s'attribuer<br />
un titre de Maistre et Docteur, qui neantmoins<br />
sont si enragez et possédez d'une telle rage,<br />
qu'ils veulent [pag. 109] tout renverser. Or d'autant<br />
plus nous faut-il estre attentifs à ce qui est ici<br />
contenu. D'un costé Moyse recite, Qu'Abram a creu<br />
à Dieu: et d'autre costé il adiouste • que ceste<br />
croyance ou foy luy a esté pour iustice. Or nous<br />
avons en premier lieu à définir ce mot de Croire:<br />
car sans cela tout s'escouleroit aisément. Et voila<br />
pourquoy les Papistes sont ainsi entortillez en leurs<br />
erreurs: car combien qu'ils confessent en partie